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Equipe du Centre technique en adaptation et accessibilité
Bienvu!

Mieux voir pour mieux apprendre

Temps de lecture: 4' Posté le Par Elodie Lavigne

Reportage au Centre technique en adaptation et accessibilité (CTAA)

Inhérente à son histoire, la mission pédagogique de la Fondation Asile des aveugles se poursuit aujourd’hui grâce au Centre technique spécialisé en adaptation et accessibilité pour les enfants scolarisés, ainsi que les jeunes et les adultes en formation.

En haut de l’Avenue de France, la Fondation Asile des aveugles abrite son Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV). Des enfants et des jeunes malvoyants ou aveugles de toute la Suisse romande, mais aussi des adultes en formation. Ils bénéficient ici d’une palette de prestations spécifiques et individualisées leur permettant de progresser dans leurs apprentissages, que ce soit à l’école obligatoire, dans des classes spécialisées, en apprentissage ou dans le cadre d’une formation. Depuis 2018, le CPHV dispose en effet d’un Centre technique en adaptation et accessibilité (CTAA).

Ce centre transversal met ses compétences au service du CPHV, de PORTAILS (Plateforme pour l’orientation, la recherche de travail et le développement d’apprentissages intégrés liés au domaine de la santé visuelle), mais aussi du Service social et réadaptation basse vision de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Sa mission ? Rendre le matériel scolaire et pédagogique accessible aux élèves, étudiants et apprentis qui en ont besoin. Mais aussi assurer un service de conseil et de formation à l’accessibilité de l’information auprès des professionnels de l’enseignement.

Le CTAA, c’est quoi?

C’est d’abord un service d’édition accessible. Le matériel scolaire, les ouvrages pédagogiques ainsi que tous les supports utilisés dans un but d’enseignement et de formation – y compris pour l’université, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et les Hautes écoles spécialisées – peuvent être adaptés et rendus accessibles aux personnes malvoyantes ou aveugles. En plus du travail d’édition, les spécialistes du centre assurent leur propre production de ressources pédagogiques adaptées.
« Nous avons développé une bibliothèque numérique, “Booxaa”, pour rendre ce matériel accessible à d’autres élèves », commente Fabienne Sypowski, responsable du CTAA.

Pour l’année scolaire 2019-2020, environ 400 demandes d’adaptation d’ouvrages ont été traitées par le Service d’édition accessible.

C’est aussi un service qui propose des technologies d’aide et des moyens auxiliaires informatiques adaptés à la déficience visuelle pour les apprenants et les enseignants. Les nouvelles technologies permettent une plus grande autonomie et sont un facteur d’intégration pour les élèves à besoins éducatifs particuliers. Néanmoins, elles nécessitent parfois un accompagnement individualisé pour pouvoir être mises en oeuvre dans le contexte propre de chacun. Tous les professionnels du Centre travaillent main dans la main afin de répondre aux demandes spécifiques et donner des solutions aux problèmes rencontrés dans les situations d’apprentissage.

Les locaux du CTAA
Les locaux du Centre technique en adaptation et accessibilité

Soutien à la médiation culturelle

Le CTAA c’est également un soutien à la médiation culturelle accessible. « La loi exige désormais que les lieux culturels proposent un contenu accessible aux personnes avec handicap, sur la base d’un principe d’égalité », explique Fabienne Sypowski. La demande vient de toute la Suisse romande puisque le Musée de l’Elysée, le Laténium (musée archéologique de Neuchâtel) et le Festival Images de Vevey ont notamment fait appel à l’expertise de nos transcripteurs-adaptateurs pour rendre accessibles certaines oeuvres au public malvoyant ou aveugle, poursuit Fabienne Sypowski : « Le Musée de l’Elysée nous a demandé d’adapter une trentaine d’images issues de leur fonds documentaire. Nous avons alors conçu (dessin assisté par ordinateur) des adaptations de ces photos, pour ensuite les imprimer par le procédé de thermorelief afin d’en permettre une découverte tactile. L’idée étant de pouvoir créer une représentation de la scène qui sera ensuite commentée et expliquée par un guide. »

Dans le Centre, pas de standardisation, mais des réponses personnalisées
en fonction des besoins individuels et du contexte de chacun.

Adapter un ouvrage… oui, mais comment ?

Rendre un ouvrage accessible passe par plusieurs étapes, intellectuelles d’abord, mais aussi informatiques et physiques. Agrandissement des images, utilisation de gros caractères, transcription en braille… les procédés sont divers et nombreux. Pour rendre un livre accessible, il faut le « découper », faire une reconnaissance de texte et faire ressortir les éventuelles images, puis remettre le tout ensemble de manière intelligible. « On détricote les ouvrages pour les retricoter ensuite », illustre Fabienne Sypowski. Souvent, il est nécessaire de grossir les éléments de la page (ou de l’ouvrage) en adaptant la police de caractère. Mais un travail de clarification est fréquemment nécessaire. Un logiciel d’intelligence artificielle est en cours de développement avec la Haute école de gestion de l’Arc jurassien. Il permettra de détecter plus facilement la structure de base d’un document.

Métier transcripteur-trice – adaptateur-trice

La transcription et l’adaptation de contenu s’apprennent par le biais d’une formation dispensée en France. Les professionnels du CTAA ont des profils très hétérogènes : sciences cognitives, ingénieur du son, etc. Pour Fabienne Sypowski, avoir de bonnes connaissances générales et en pédagogie, mais aussi maîtriser les outils informatiques est nécessaire. « C’est un métier très technique, nous devons répondre à des normes très élevées », souligne-t-elle.

Technologie d'impression 3D
Utilisation de la technologie d’impression 3D pour créer des pièces de jeu tactiles et permettre d’adapter un jeu de société.

Travaux manuels

Recréer une oeuvre sous une forme tactile afin de l’expliquer à un public se rendant à une exposition comme le Festival Images à Vevey? C’est possible, grâce au savoir-faire et à la polyvalence des transcripteurs-adaptateurs. Ils ont pour ce faire accès à un atelier de travaux manuels pour donner vie à des personnages, des scènes de vie, des paysages, etc., et réaliser des maquettes.

Des outils techniques

Ordinateurs et logiciels divers font évidemment partie de la boîte à outils des transcripteurs-adaptateurs. Mais on trouve aussi une « embosseuse », c’est-à-dire une imprimante capable de transcrire, au micron près, le texte d’un fichier informatique en braille sur du papier.

Le four thermogonfleur permet quant à lui de réaliser des impressions d’images en relief, pour une lecture tactile. Cette machine spécifique s’utilise avec un papier spécial multicouche sur lequel on imprime un graphique ou une image. Lorsqu’on passe la feuille au four, les zones d’encre noire gonflent sous l’effet de la chaleur.

L’imprimante 3D, elle, a des usages potentiellement nombreux. Au CTAA, elle sert notamment à compléter et à remplacer les accessoires de jeu de la ludothèque du CPHV.

Plus de 4’000 heures de transcription adaptation sont nécessaires par an pour produire les ouvrages et examens adaptés pour tous les élèves et étudiants de Suisse romande atteints dans leur santé visuelle.

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