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Suivre l’évolution de la dégénérescence maculaire liée à l’âge grâce à une nouvelle technique d’imagerie haute résolution non invasive et rapide

Temps de lecture: 5' Posté le

La Pre Chiara M. Eandi et son équipe ont mené une étude sur les différentes techniques de visualisation des vaisseaux qui se créent lorsque l’on est atteint de DMLA exsudative. Ce travail intitulé Indocyanine green angiography and optical coherence tomography angiography (OCTA) of choroidal neovascularization in age-related macular degeneration (IOVS 2017) a permis de montrer la fiabilité de l’OCTA.

Lorsque l’œil est atteint de dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) de nouveaux vaisseaux se forment à proximité de la rétine. La progression de ces derniers, leur emplacement et leur nature fournit des informations précieuses sur l’évolution de la maladie. Celle-ci cause une baisse importante et irréversible de la vision. L’examen de diagnostic le plus courant est l’angiographie. Une technique invasive et qui prend du temps. La Pre Eandi a mis en évidence qu’une alternative tout aussi fiable et moins contraignante existent.

Tout d’abord, en quoi consiste l’angiographie ?

C’est un examen diagnostic qui se fait en injectant un produit de contraste dans une veine périphérique du patient. On utilise deux colorants aux propriétés de fluorescence différents : la fluorescéine (FA) et l’indocyanine verte. On regarde ensuite le fond de l’œil avec une caméra. On prend des images à différents moments afin de suivre le passage du colorant dans l’œil. Nous pouvons voir en temps réel le colorant arriver dans les vaisseaux et les remplir. Nous avons ainsi une image dynamique. Dans le cadre de cette étude, je me suis penchée sur l’angiographie avec indocyanine verte (ICGA). Cet examen est invasif, du fait de l’injection, et prend du temps.

Evolution FA et ICGA

Quelles sont les alternatives à l’ICGA ?

Lorsque nous avons mené cette étude, en 2017, une autre technique venait d’arriver mais nous ne connaissions pas sa fiabilité. Il s’agit de la tomographie angiographie par cohérence optique (OCTA). Cet examen se fait sans injecter de produit. Il donne une image précise des vaisseaux grâce à la différence de réflectivité des globules rouge qui bougent à l’intérieur des capillaires. En pratique la machine registre deux coupes OCT (transversale B-scan) avec un intervalle de quelques millisecondes et le résultat de l’élaboration est une image (map C-scan) des vaisseaux de la rétine et de la choroïde. 

L’OCT est une technique introduite en ophtalmologie  il y a environ 20 ans qui utilise les propriétés de réflectivité de la lumière ultra rouge.  Elle entre dans l’œil et y rencontre les structures aux propriétés de réflectivité très différentes. On parvient ainsi à reconstruire une section transversale (B-scan) de la rétine avec une très haute précision.

Quelle est la différence entre l’OCTA et l’OCT ?

L’OCT donne une coupe transversale de la rétine et renseigne sur la présence ou l’absence de liquide au niveau de la rétine (lire encadré) mais ne montre pas les vaisseaux, ce que l’OCTA parvient à faire de manière très précise.

Surveiller les vaisseaux et leur perméabilité

Lors d’une DMLA exsudative, de petits vaisseaux se créent à proximité de la rétine et de la choroïde. Leur perméabilité est altérée et du liquide peut en sortir et s’accumuler dans l’œil. Le traitement consiste alors à injecter un produit (inhibiteur du VEGF) qui bloque la croissance des vaisseaux et diminue la perméabilité de ces derniers. Il faut à tout prix éviter que du liquide ne s’accumule dans l’œil car il abîme les cellules de la rétine. Ces dernières sont des cellules d’origine nerveuse et elles dégénèrent très rapidement.

Les néovaisseaux situés au-dessus de la rétine sont les plus fréquents, mais aussi les moins agressifs. En revanche, les vaisseaux situés dans la rétine sont très agressifs et peuvent rapidement altérer la vue. Bien visualiser le type de capillaires et suivre leur progression est indispensable pour s’assurer de l’efficacité du traitement. L’OCTA et l’OCT sont utilisées conjointement pour voir l’évolution du liquide dans l’œil et s’assurer que le traitement est efficace.

Quel est l’intérêt d’utiliser l’OCTA plutôt que l’ICGA ?

Notre étude a permis de quantifier la fiabilité de l’OCTA, jusque-là peu utilisée pour voir la progression des néovaisseaux qui se créent suite à une DMLA. Les résultats montrent que l’OCTA est très fiable. D’une part, elle présente l’avantage de ne nécessiter aucune injection et d’autre part, elle fournit les images en quelques clics sur la machine. C’est beaucoup plus rapide pour le patient, plus confortable et moins coûteux.

Votre étude date de 2017, l’OCTA est-elle devenue la technique la plus utilisée pour détecter les néovaisseaux ?

Aux USA, certains centres n’utilisent plus que l’OCTA. En Europe, nous continuons à utiliser les trois techniques à disposition. L’ICGA est pratiquée à des fins de diagnostics alors que l’OCTA et l’OCT sont utilisées pour le suivi de la maladie. L’étude a mis en évidence que les images fournies par l’OCTA permettent de voir les capillaires les plus petits de façon très détaillée, là où l’ICGA fournit des photos moins précises. Plus on est précis, plus on peut suivre l’évolution de la maladie et intervenir à temps pour éviter des dégâts irréversibles.

Esther Rich

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