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Société

Thimeth, étudiant malvoyant à l’université de Fribourg

Temps de lecture: 3' Posté le

Nous avons rencontré Thimeth Thanabalasingam, un jeune homme de 20 ans en première année de droit à l’Université de Fribourg. Il est atteint d’une amaurose congénitale de Leber, une maladie héréditaire des yeux qui est responsable de sa malvoyance depuis sa naissance.

C’est un jeune homme plein de vie et bien déterminé à devenir juge que nous avons rencontré cet après-midi à Fribourg. Thimeth, malvoyant, a été élève de notre Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue où il a construit ses « fondations », comme il aime le dire. On lui apprend à « survivre » avec son handicap, à utiliser l’ordinateur et d’autres moyens auxiliaires. En 2010, il intègre l’école publique de Prilly, équipé de sa lampe, son ordinateur, son imprimante et son agrandisseur. Tout se passe pour le mieux et il se retrouve bientôt dans la cours des grands, au gymnase de Payerne.

Entrée à l’université

Animé d’une passion du challenge, Thimeth entreprend 3 ans de « bourrage de crâne » en bilingue allemand, avec les options droit et économie ainsi que l’espagnol. « C’était un réel engagement personnel, mais je ne regrette pas d’avoir appris toutes ces choses dans autant de domaines différents », se réjouit Thimeth. Il obtient son certificat de maturité avec une très bonne moyenne et entre fièrement à l’université. Il aurait pu se lancer dans la filière de Lettres, puisqu’il parle 6 langues (français, tamoul, anglais, allemand, italien et espagnol), mais c’est le droit qui l’intéresse.

Une personne normale peut facilement aider la société. Par exemple, un policier aide la société en appliquant la justice sur le terrain. Une personne qui a un problème visuel ne peut pas faire ça. Si quelqu’un vole ton ordi, je ne peux pas courir derrière lui ! J’ai toujours eu l’envie de contribuer à la société et le droit est un bon moyen », nous explique Thimeth. « Je veux être juge dans le domaine pénal. Je pense que mon handicap est un avantage ! Les yeux sont faciles à tromper… il faut juger les faits et ce qui a été commis, pas l’apparence.

Il s’habitue très vite à l’université. Grâce à son ordinateur, il n’a aucune peine à suivre et prend même ses notes plus rapidement que les autres. Ensuite, « je relis, je mémorise et on y va ! ». Il faut dire qu’il a été accueilli chaleureusement par la direction de l’université et par ses professeurs. Madame Caroline Schnyder, administratrice de la faculté de droit, se tient toujours à la disposition de Thimeth : « On essaie de faire au mieux. C’est aussi un apprentissage pour nous et on est très content de l’avoir comme étudiant ».

Le CPHV, un soutient essentiel

Et puis, il y a Aline Leavy du CPHV, qui le suit depuis sa deuxième année de gymnase. « Aline établit le lien entre l’université et moi. Par exemple, elle s’assure que les examens soient accessibles… sans me dire les réponses bien sûr », sourit Thimeth. « Elle a eu un rôle vital dans mon parcours. J’ai tellement de chance de l’avoir… elle est humaine et m’épaule toujours. C’est le genre de personne qui ne recule devant rien ! Je suis devenu très indépendant mais ça me rassure de l’avoir à mes côtés ».

« Tranquille! Je suis là, c’est bon, ça va aller »

A côté de l’université, Thimeth vit chez ses parents dans la Broye. Il a deux frères : « Le premier, c’est mon œil droit et le deuxième, c’est mon œil gauche… ». Ses parents sont derrière lui depuis toujours, même s’ils ont un peu peur parfois. A chaque nouvelle étape, ils se posent des questions. Mais le jeune homme les rassure toujours « Tranquille ! Je suis là, c’est bon, ça va aller ». Au quotidien, Thimeth est comme tous les jeunes de son âge. Il joue du piano, de la batterie et des percussions. Il entretient sa carrure au fitness et est un fan d’aviation : « C’est incroyable, j’adore. Si je n’avais pas de problèmes de vue, je serais pilote ! Pour aider la société, j’aurais emmené les gens en vacances…», rigole-t-il.

Tout ce qu’on lui souhaite, c’est de réaliser son rêve aux côtés de ses amis. « Son club des 8 », « ses potos » comme il dit. Ils se sont rencontrés à l’université et le contact a merveilleusement bien passé. « Jamais je n’aurais imaginé vivre quelque chose comme ça. On s’est attachés les uns aux autres ! Un jour, on va changer la Suisse, voire le monde ! Sans droit, il n’y a pas de paix ! »

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