L’uvéite
Plus de 60 causes possibles pour l’uvéite, une maladie rare au diagnostic compliqué.
Expert : Pr Yan Guex-Crosier, médecin responsable de l’unité d’immuno-infectiologie oculaire de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin
Description de l’uvéite
L’uvéite est une maladie orpheline caractérisée par une inflammation de l’oeil. Elle peut avoir une origine soit infectieuse, comme la toxoplasmose ou la syphilis, soit inflammatoire, liée à une maladie auto-immune comme l’arthrite juvénile. L’uvéite peut atteindre différentes parties de l’oeil, de l’iris à la rétine, voire l’oeil tout entier. Elle entraîne une diminution de l’acuité visuelle pouvant aller jusqu’à la cécité. Un diagnostic précoce et un suivi régulier sur le long terme permettent de trouver le traitement adapté à chaque cas pour contrôler au mieux l’inflammation. Le but étant d’éviter la dégradation de la vision et des complications comme la cataracte ou le glaucome.
Symptômes
L’uvéite peut se déclarer à tout âge, mais survient principalement entre 20 et 50 ans. Elle se manifeste par des rougeurs oculaires, une photophobie (douleur face à la lumière) et une baisse de la vision dans 30 % des cas. Si elle est d’origine inflammatoire, l’uvéite peut avoir une composante génétique, liée à des problèmes rhumatismaux (patients porteurs du gène HLA-B27 présentant une spondylarthrite ankylosante). Chez les enfants, l’arthrite juvénile peut provoquer une uvéite, qui est alors asymptomatique. Il est donc important de la diagnostiquer tôt pour éviter qu’elle ne fasse des dégâts. Nous conseillons alors un dépistage systématique chez l’ophtalmologue tous les trois mois.
Traitement
Pour les uvéites antérieures (touchant l’avant de l’oeil), le médecin applique des gouttes de cortisone pour diminuer l’inflammation. D’autres visent quant à elles à dilater les pupilles afin d’éviter que l’iris ne se colle sur le cristallin (synéchie). Dans sa forme la plus grave, touchant le fond de l’oeil, il est alors nécessaire d’entamer un traitement plus lourd. Il faut ainsi administrer la cortisone par la bouche ou en intraveineuse. À plus long terme, elle est remplacée par des immunosuppresseurs. Si besoin, d’autres molécules peuvent être utilisées, comme les anticorps monoclonaux qui neutralisent les molécules pro inflammatoires. En cas d’uvéite chronique, le médecin adapte le traitement en fonction de l’évolution de la maladie.
Pour aller plus loin
Signé par le Pr Yan Guex-Crosier et le Dr Michael Nissen, un article très complet sur les uvéites est paru en octobre dernier dans la Revue médicale suisse. Une mine d’informations pour lecteurs avertis.