Un dépistage gratuit pour les yeux des enfants
Parce que s’assurer qu’un enfant voit bien est essentiel, l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin ouvrira ses portes pour sa traditionnelle journée de dépistage destinée aux enfants, le 8 octobre, dès 9h. L’occasion de détecter tout trouble qui serait passé inaperçu jusque-là.
Lorsqu’un enfant voit moins bien d’un œil, il a tendance à compenser spontanément avec l’autre œil et se plaint rarement. Résultat : malgré le suivi chez le pédiatre et les dépistages organisés à l’école, certains troubles visuels peuvent passer inaperçus. Un problème qui n’est pas sans conséquences. Pendant le développement de la vision (jusqu’à 7 ans environ) les deux yeux sont en « compétition » l’un avec l’autre. Ainsi, si l’un voit moins bien ou s’il louche, il peut être négligé par le cerveau. Ce dernier ne va tenir compte que des informations provenant du « bon » œil, celui qui voit bien. On parle d’amblyopie. Ce problème concerne 5 à 10 % des enfants et doit être détecté au plus tôt.
À partir d’un certain âge, il n’est plus possible de réapprendre au cerveau à bien voir avec les deux yeux. Les difficultés s’installent alors durablement. Si un jour, en raison de l’âge ou d’une maladie, le « bon » œil est atteint , la perte de vision peut être totale. D’où l’importance de vérifier que les deux yeux sont compétents dès le plus jeune âge… et d’une telle journée de dépistage des enfants.
« Plus un problème visuel est détecté tôt, plus son traitement sera rapide et couronné de succès »
Dr Pierre-François Kaeser
Dépistage dès 4 mois et jusqu’à l’âge de 14 ans
Cette journée de dépistage est organisée tous les deux ans par l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Elle s’adresse aux enfants dès 4 mois et jusqu’à l’âge de 14 ans, sans problème visuel connu. Financé par le Fonds Ingvar Kamprad, le dépistage est gratuit. Une équipe composée d’une dizaine d’orthoptistes et de quatre ophtalmologues accueille sur place parents et enfants. On effectue alors une série de tests. Ces testes permettent de mesurer l’acuité visuelle, la position des yeux, la collaboration binoculaire ou encore la vision du relief.
« Nous demandons par exemple aux enfants de suivre une lumière, de pointer des images, de nommer des objets, d’attraper des petites billes, explique Anne-Claude Roulier, orthoptiste-cheffe à l’unité de strabologie. Nous regardons comment ils réagissent à l’occlusion d’un œil puis de l’autre, utilisons des jeux lumineux ou sonores. » Et de rassurer : « Il n’y a rien qui fasse mal ou peur. »
En première ligne, les orthoptistes assurent cette première phase de tests. Si un trouble est suspecté, le dépistage se poursuit par la rencontre avec un ophtalmologue afin de définir la marche à suivre.
« Il ne s’agit pas de faire une consultation complète, mais bien de dépister des éventuels troubles visuels passés inaperçus et qui méritent un examen plus approfondi », explique le Dr Pierre-François Kaeser, médecin adjoint responsable de l’unité de strabologie et ophtalmologie pédiatrique de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Un éventuel examen qui sera à planifier dans un second temps, à l’Hôpital ophtalmique ou en cabinet. L’enjeu est de taille, rappelle le spécialiste : « Plus un problème visuel est détecté tôt, plus son traitement sera rapide et couronné de succès. »
La profession d’orthoptiste
Relevant d’une spécialité dite médicothérapeutique, l’orthoptiste pourrait être assimilé au « physiothérapeute des yeux ». Il exerce son métier en étroite collaboration avec les ophtalmologues. Ses principales missions sont de dépister tout trouble de la coordination des yeux. Si le trouble est avéré, un programme de rééducation est entrepris. Ce dernier est organisé au cabinet et complété par des exercices à pratiquer à domicile. L’École supérieure d’orthoptique de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, , fêtera ses 70 ans en 2022.
Quand envisager un dépistage chez les enfants ?
Ce qui peut inciter à profiter de cette journée de dépistage ? Une prédisposition familiale aux problèmes visuels (lunettes, strabisme, glaucome ou cataracte durant l’enfance ou encore tumeur à l’œil). Il peut aussi s’agir de signaux envoyés par l’enfant lui-même. L’enfant peut se plaindre d’yeux qui démangent ou brûlent, de maux de tête, vertiges, nausées ou encore d’une vision double ou floue, surtout le soir après une journée d’école. Certains signes peuvent cependant être plus ténus. L’enfant fronce les sourcils, se frotte souvent les yeux, est facilement ébloui, approche les objets très près de ses yeux.
Les pédiatres assurent généralement un dépistage des troubles visuels lors du suivi de l’enfant de sa naissance jusqu’à l’âge scolaire. Un examen de la vue est obligatoire avant l’entrée à l’école. « Mais certains troubles peuvent passer entre les mailles du filet, note Anne-Claude Roulier. Si l’enfant en âge scolaire est par ailleurs en bonne santé, il n’a pas de raison d’aller chez le pédiatre et on peut alors passer à côté d’un problème de vue, en particulier d’une myopie qui apparaît classiquement à cet âge. »
Une initiative du Fonds Ingvar Kamprad
Créé en 2012, le fonds Ingvar Kamprad existe grâce à la généreuse donation du fondateur d’IKEA. Ce fonds permet de financer des activités ou investissements de la Fondation Asile des aveugles en faveur des enfants aveugles ou malvoyants, notamment en matière d’éducation, de soin et de prévention. L’un de ses principaux objectifs est de soutenir des projets favorisant l’intégration de ces enfants dans la société, mais aussi de proposer des actions comme des journées de dépistage ou une brochure de prévention afin de déceler les problèmes visuels des enfants dès leur plus jeune âge. « Enfant, Ingvar Kamprad habitait près d’une école pour malvoyants. Le handicap visuel est une cause qui lui a toujours tenu à coeur », confie Eva Lundell Fragnière, membre du conseil du Fonds Kamprad.
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