Les enfants du CPHV font du parapente aux Diablerets ! L’interview.
Comme chaque année, les élèves suivis par notre Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV) sont partis à la neige aux Diablerets. Quelques élèves ont même fait du parapente et nous sommes allés sur place pour assister à cette grande première. Guillaume, l’un des moniteurs de Dimension 3, nous raconte cette journée. Nous avons également rencontré Béatrice, ergothérapeute au CPVH, qui nous explique pourquoi avoir choisi cette activité et comment elle a été organisée.
Comment sont les échanges et les sensations là-haut, avec ces enfants en déficit visuel ?
Guillaume : Les sensations sont différentes pour eux et, en tant que moniteur, on le ressent. Ils ne réagissent pas au même moment ni de la même manière que les personnes voyantes. Par exemple, quand le parapentiste effectue des figures en tournant sur lui-même ou en se balançant de haut en bas, c’est est impressionnant visuellement, mais une personne aveugle ou malvoyante le ressent uniquement, elle ne le voit pas.
Qu’est ce qui change dans votre préparation en tant que pilote ?
Guillaume : L’avantage, en parapente c’est que le passager reste plutôt passif durant le vol. Sa seule consigne de base est de rester debout au décollage. Nous pouvons dire que la préparation reste approximativement la même pour le pilote. Néanmoins, une chose importe particulièrement : le décollage doit être impeccable et l’instructeur doit s’assurer qu’il n’y ait surtout pas de vent. S’assurer des conditions avant est important car, si un changement de direction doit être entrepris ou que les instructions doivent changer à la dernière minute, une personne malvoyante n’aura pas la même facilité à suivre ces changements.
Il faut être bien préparé pour que le handicap ne perturbe pas certains mouvements ou la compréhension des consignes. Cette préparation minutieuse s’applique d’ailleurs à toutes les formes de handicap et n’est pas réservé uniquement aux personnes aveugles ou malvoyantes. Dimension 3 est équipée pour que tout le monde puissent profiter de cette activité : nous disposons de skis et de chaises à roulettes pour que chacune et chacun puisse vivre cette expérience magique.
En fait, je trouve que l’’organisation est plus importante pour les accompagnateurs que pour les pilotes.
Comment se prépare une telle activité, Béatrice ?
Béatrice : Il a fallu expliquer aux élèves en quoi consistait le parapente et tout ce que cette sortie impliquait. Après quelques jours de réflexions, les enfants souhaitant participer ont demandé une autorisation à faire signer à leurs parents. Le parapente étant une activité atypique, certains se demandaient comment ils allaient convaincre leurs parents.
Pourquoi le parapente ?
Béatrice : Le CPHV a pour habitude d’organiser un « Camp de glisse », chaque année. Mais ces deux dernières années, la situation sanitaire a rendu son organisation compliquée. Nous avons donc décidé d’organiser des « sorties à la neige ». Après que nous nous soyons concertés pour trouver plusieurs idées d’activités, un de mes collègues a proposé de faire du parapente, ce qui était une idée originale ! Grâce à ses contacts avec Guillaume, l’un des parapentistes de Dimension 3, nous avons pu leur exposer directement nos besoins et analyser la faisabilité de ce projet.
De quelle manière les enfants appréhendent de voler en parapente ?
Béatrice : De la même manière que tout le monde ! Ils se posent pleins de questions, les mêmes que n’importe qui : quel temps va-t-il faire ? Combien de temps durera le vol ? Comment s’habiller ? Comment vont-ils être équipés ? Un handicap ne change pas le fait qu’un enfant est excité et heureux à l’idée de découvrir une nouvelle activité.
Une expérience réussie
Sur la piste d’atterrissage, nous avons demandé aux enfants leur ressenti une fois leur vol terminé et comment ils ont vécu cette expérience. C’était la première fois pour la majorité d’entre eux mais toutes et tous, enthousiastes, veulent en refaire dans un futur proche, nous ont-ils déclaré le sourire aux lèvres.
Un grand merci aux accompagnatrices et accompagnateurs et à Dimension 3 d’avoir permis à ces enfants de tester le parapente de de prendre leur envol… pour quelques instants !