Aller au contenu
Photo de Coralie Imobersteg, enseignante au Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV) depuis vingt ans malgré sa cécité.
Bienvu!

«Ma cécité me donne un point commun avec mes élèves»

Temps de lecture: 4' Posté le Par Esther Rich

Coralie Imobersteg enseigne au Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV) depuis vingt ans. Elle y a elle-même étudié et est heureuse de pouvoir transmettre son énergie et sa motivation aux enfants.

Coralie Imobersteg est une battante. La vie ne lui a pourtant pas épargné de grandes désillusions, mais une fois la colère passée, elle a foncé, elle a avancé. « Je suis née avec un strabisme, ce qui a poussé mes parents à consulter un ophtalmologue dès mon plus jeune âge. Lorsque j’ai eu 4 ans, lors d’un contrôle de routine à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, le médecin a constaté que j’avais un décollement de la rétine à l’œil gauche. C’était irréversible et j’ai perdu la vision de ce côté-là. On m’a alors prévenue que l’autre œil allait connaître le même sort. C’est arrivé quatre ans plus tard. »

Depuis l’âge de 8 ans, l’enseignante est donc aveugle. Elle a été scolarisée tant en classe ordinaire qu’au CPHV, parfois à temps partiel, parfois à plein temps. Elle a ensuite suivi l’École normale (aujourd’hui Haute école pédagogique du canton de Vaud) en profitant de certains aménagements, notamment pendant ses différents stages dans des écoles ordinaires et au CPHV. « J’ai toujours su que je voulais enseigner. Travailler au CPHV est un avantage, car mon handicap visuel me donne un point commun avec mes élèves. Cela rassure aussi les parents, je pense. »

Être la plus indépendante possible

La quadragénaire ne chôme pas. En plus de sa charge d’enseignement au CPHV, elle forme ses collègues au braille, supervise la pratique des étudiants et étudiantes en enseignement spécialisé et travaille dans un foyer pour adultes atteints de déficit visuel à Lausanne. Tout cela l’occupe à 90 %, pourtant elle a aussi un cabinet de réflexologie à Vevey. « Je ne m’ennuie jamais, ce que je fais varie et cela me plaît. Un jour, peut-être, je pourrai aussi enseigner dans des classes ordinaires, pourquoi pas ? Le plus important pour moi est d’être la plus indépendante possible. Je me débrouille plutôt bien avec l’aide de ma canne blanche et de ma chienne Falun. »

Depuis le temps qu’elle fréquente le CPHV, elle a remarqué quelques changements. « La population des élèves a changé. Aujourd’hui, il y a bien moins d’élèves et la plupart sont atteint-es d’autres déficiences associées à leur handicap visuel, telles que l’autisme, la surdité, un développement atypique, entre autres. Le dépistage précoce des maladies oculaires et les avancées technologiques sont certainement responsables de cette baisse d’effectif, tout comme le souhait de pousser à une école totalement inclusive. »

Aller de l’avant

Au niveau des soins, la quadragénaire réalise également que beaucoup de progrès ont été faits ces dernières années. « Mon décollement de rétine est survenu trente ans trop tôt, aujourd’hui peut-être que la médecine moderne aurait pu sauver mes yeux… Cela dit, je ne m’attarde pas sur le passé, je préfère aller de l’avant. » Coralie Imobersteg ne manque ni de détermination, ni de courage. Elle se remet doucement d’une chute à ski qui lui a valu de longs mois de convalescence. « Je skie depuis que je suis toute petite. Grâce au Groupement romand des skieurs aveugles et malvoyants, dont je fais partie, j’ai continué malgré mon handicap. J’ai fait une bête chute l’an dernier, mais elle n’était pas due à ma cécité. » Elle espère pouvoir remonter bientôt sur les lattes pour autant que son genou se remette suffisamment bien.

Nous avons modifié l’article original pour en faire une version web.

Cet article vous plaît? Découvrez les articles Bienvu!
Dernière modification le
Generic selectors
Exact matches only
Search in title
Search in content
Post Type Selectors

Afin de vous proposer le meilleur service possible, ce site utilise des cookies. En continuant de naviguer sur le site, vous déclarez accepter leur utilisation