3 questions à Diego Ghezzi : le monde virtuel à la rescousse
Le Dr Diego Ghezzi est Responsable de la recherche en technologie chirurgicale à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Il nous parle des enjeux de la réalité virtuelle dans la recherche en ophtalmologie.
En quoi la réalité virtuelle peut-elle être utile pour la vision ?
Elle peut tout d’abord simuler les déficits de la vision de manière très réaliste. Cela permet notamment aux équipes de recherche de visualiser les troubles dont souffre une personne mal-voyante. Une fois cette première simulation effectuée, les chercheurs et chercheuses peuvent évaluer concrètement l’impact d’un traitement ou d’un implant sur la pathologie en jeu. L’idée est ensuite de réaliser une deuxième simulation. Prenons l’exemple d’un rétrécissement du champ visuel. Si la personne a un champ visuel de 20 degrés et que la thérapie proposée l’augmente jusqu’à 24 degrés, est-ce que cela change concrètement quelque chose dans son quotidien ?
Peut-on également l’utiliser pour la rééducation ?
Oui, c’est ce que nous voudrions faire dans le futur. Nous pouvons reproduire dans le monde virtuel des pièces d’un appartement ou des espaces fréquentés par les personnes malvoyantes. L’objectif est de pouvoir les entraîner à se déplacer dans ces lieux du quotidien. Dans un premier temps, il est possible d’augmenter les contrastes de certains objets ou meubles pour qu’elles les voient mieux. Nous pouvons progressivement ramener ce monde virtuel au plus près de la réalité et ainsi rééduquer les personnes sans devoir les accompagner sur les lieux qu’elles fréquentent. C’est un gain de temps et cela ouvre des perspectives nouvelles.
La réalité virtuelle permet donc d’évaluer à la fois le traitement et son efficacité ?
Oui car, cliniquement, les médecins savent quelles opérations ou quelles thérapies ont fait leurs preuves. Cependant, ce n’est pas parce que l’on gagne quelques degrés de champ visuel que cela change quelque chose dans la vie de tous les jours. La simulation permet d’évaluer concrètement l’amélioration qu’apporte un traitement, mais aussi de mieux comprendre les conséquences d’une perte de vision. Les personnes mal-voyantes mettent en place des systèmes de compensation et il n’est pas toujours facile, sans l’aide de la réalité virtuelle, de comprendre ce qu’elles voient vraiment.
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