Des centres ophtalmiques du monde entier à Lausanne
Retour sur le meeting de l’Association internationale des hôpitaux ophtalmiques.
En octobre dernier, l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin a accueilli des dirigeants et dirigeantes d’hôpitaux ophtalmiques du monde entier lors du meeting annuel de la World Association of Eye Hospitals (WAEH). L’occasion pour les participants et participantes de débattre des grands enjeux actuels liés à la gestion hospitalière, à l’efficience dans l’organisation des soins et à l’innovation.
Comment assurer la meilleure prise en charge possible des patients et patientes ? Comment innover en matière de design des espaces cliniques ? Comment attirer les talents dans un secteur en pleine évolution ? Les hôpitaux et cliniques ophtalmiques du monde entier se trouvent tous confrontés à ces enjeux. L’association internationale des hôpitaux ophtalmiques (WAEH) permet aux responsables de ces institutions spécialisées de « partager leurs connaissances », souligne Maaike van Zuilen, secrétaire générale de l’association. « Nous avons toutes et tous intérêt à apprendre des bonnes pratiques des autres », ajoute Jean-Pierre Klumpp, directeur opérationnel de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin et coorganisateur du congrès 2025 de l’association.
Partage d’expériences
Le partage des expériences peut porter sur des questions très pragmatiques. « Un membre australien a par exemple soulevé la question des règles applicables en matière de tenue pour les patientes et les patients admis au bloc opératoire », relate Maaike van Zuilen. Mais des problématiques plus larges et qui concernent toutes les institutions peuvent aussi être évoquées, comme « la gestion des urgences, qui n’ont jamais assez de moyens pour répondre à la demande », note Jean-Pierre Klumpp.
Créée il y a vingt ans, l’association compte actuellement 44 membres et 20 membres associés qui sont tous des centres d’excellence en ophtalmologie. Pour remplir ce dernier critère, l’établissement « doit avoir reçu une accréditation nationale, proposer toute la gamme des soins ophtalmiques, offrir des soins communautaires qui s’adressent à l’ensemble de la population et former des médecins », précise Maaike van Zuilen. Un ensemble de conditions remplies par l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. « Nous avons la chance de pouvoir fournir toutes les prestations spécialisées en ophtalmologie, notamment grâce à notre fort rayonnement régional et international », constate en effet le directeur opérationnel de l’institution lausannoise.
Un rassemblement de responsables d’hôpitaux
La WAEH propose diverses modalités d’échanges. Il existe notamment des communautés de pratique destinées aux services des ressources humaines et aux soins infirmiers qui communiquent régulièrement en ligne. Mais surtout, elle organise des congrès annuels qui, contrairement aux meetings médicaux classiques (qui réunissent exclusivement des médecins faisant le point sur leurs spécialités), rassemblent des dirigeants et dirigeantes d’hôpitaux ou de cliniques, cadres supérieurs et supérieures, médecins chefs et cheffes d’institutions spécialisées en ophtalmologie.
Nous avons toutes et tous intérêt à apprendre des bonnes pratiques des autres
Jean-Pierre Klumpp, directeur opérationnel
Chaque année, les membres se retrouvent dans un lieu différent. « Il est utile de changer d’environnement pour avoir une diversité des contributions. Il est aussi intéressant d’avoir un tournus des pays qui ne sont pas confrontés aux mêmes défis, souligne Jean-Pierre Klumpp. Pour certains, comme le Brésil, l’enjeu est de résoudre les difficultés liées à la faible accessibilité aux soins et à la pénurie de personnel soignant. Pour nous, c’est notamment de maintenir l’excellence dans les prises en charge, en répondant aux exigences réglementaires, tout en stimulant l’innovation dans de nombreux domaines d’activité. Et ce, malgré la taille modeste des équipes professionnelles. »
La 19e édition du congrès de la WAEH s’est déroulée du 7 au 11 octobre dernier. Elle s’est d’abord tenue à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, puis à Paris, à l’Hôpital des 15-20 et à la Fondation Rothschild.
Parmi les thèmes abordés figuraient les soins en basse vision. Un sujet cher à l’hôpital lausannois qui a d’ailleurs « la spécificité d’héberger dans ses murs un service de réadaptation basse vision, ce qui n’est pas le cas de la plupart des autres hôpitaux ophtalmiques », comme le souligne Maaike van Zuilen.

Les participants et participantes ont aussi discuté de l’intelligence artificielle et de son rôle dans « l’utilisation des données collectées, soit pour faciliter le dépistage de certaines pathologies et la conception de nouveaux traitements, soit pour améliorer l’efficience des prises en charge », précise Jean-Pierre Klumpp. D’autres sujets ont été débattus, comme « l’accompagnement psychologique des patients et patientes », ajoute le directeur opérationnel.

Faire face aux défis actuels et futurs
En favorisant ainsi les échanges de connaissances et d’expériences, la WAEH permet aux institutions ophtalmiques d’être mieux armées face aux challenges auxquels elles sont – et seront – confrontées. Pour Maaike van Zuilen, le principal d’entre eux tient au fait que « les hôpitaux reçoivent de plus en plus de patients et de patientes qui doivent être soignées par un nombre toujours plus restreint de médecins. Ils doivent également réfléchir à la meilleure manière de retenir leur personnel soignant et de le maintenir motivé et en bonne santé. »
Pour le futur, la secrétaire générale de la WAEH ne manque pas de projets. Elle souhaite par exemple développer des communautés de pratique. Elle espère aussi que, « dans dix ans, l’association pourra doubler le nombre de ses membres et membres-associés, passant donc à près de 120, et qu’elle attirera plus de pays, notamment au travers d’hôpitaux africains. »

Nous avons modifié l’article original pour en faire une version web.