Immunothérapie : le Prof. Guex-Crosier contribue à un article dans Nature
L’immunothérapie est une méthode de lutte contre le cancer en plein essor. Son principe : ne pas cibler spécifiquement la tumeur. Mais à la place de stimuler le système immunitaire du patient pour renforcer ses défenses contre les cellules cancéreuses. Lausanne est un acteur incontournable du développement ces nouvelles thérapies. Avec notamment la construction du nouveau bâtiment AGORA du CHUV, inauguré en octobre 2018. A termes, l’édifice accueillera plus 300 chercheurs.
La collaboration de notre hôpital et de ses partenaires UNIL CHUV, mais aussi de nombreux chercheurs étrangers est illustrée par le dernier article paru dans la prestigieuse revue scientifique Nature (impact factor de plus de 26), auquel a contribué le Prof. Yan Guex-Crosier. En raison de l’augmentation croissante de la complexité des maladies et des traitements, le soin des patients doit reposer sur une collaboration interdisciplinaire comme illustré dans l’article ci-dessous. Cet article rapporte les effets secondaires immunologiques dans les différents organes du corps d’une nouvelle classe de traitement contre le cancer. Les effets secondaires oculaires sont principalement la sécheresse oculaire et les uvéites induites par le traitement.
Augmenter la réponse immunitaire
Dr Michel Obeid du service d’immunologie et allergie du CHUV a mené cette publication. Cette dernière traite des effets indésirables liés aux inhibiteurs de points de contrôle immunitaires. Quelques explications : la chimiothérapie va chercher à affecter la prolifération des cellules cancéreuses. Les médicaments immuno-oncologiques vont quant à eux chercher à activer la réponse immunitaire anticancéreuse naturelle du corps. Ce qui permet d’attaquer et de détruire le cancer. Le rôle des « points de contrôle immunitaires » est de bloquer la réponse immunitaire pour éviter d’endommager les cellules saines. Le cancer détourne l’action de ces mécanismes en désactivant les lymphocytes T afin de pouvoir proliférer sans être « vu ». Des « inhibiteurs de points de contrôle » sont donc administrés aux patients. Ceci pour éviter cette désactivation et augmenter la réponse immunitaire anti-tumorale de l’organisme.
Recherche en immunothérapie et collaboration intense
Paru le 15 mai, l’article s’intitule : « Adverse effects of immune- checkpoint inhibitors: epidemiology, management and surveillance ». Il est le fruit d’une intense collaboration entre plusieurs départements du CHUV (hématologie, oncologie, diabétologie, gastro-entérologie, neurologie…). Mais aussi de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, de l’EPFL, de plusieurs instituts universitaires américains. Avec en prime l’Université Pierre et Marie Curie à Paris.
Effets indésirables des inhibiteurs du point de contrôle immunitaire : épidémiologie, gestion et surveillance
Filipe Martins, Latifyan Sofiya, Gerasimos P. Sykiotis, Faiza Lamine, Michel Maillard, Montserrat Fraga, Keyvan Shabafrouz, Camillo Ribi, Anne Cairoli, Yan Guex-Crosier, Thierry Kuntzer, Olivier Michielin, Solange Peters, Georges Coukos, François, Spertini, John A. Thompson & Michel Obeid
Résumé
Les inhibiteurs de point de contrôle immunitaire (ICI), y compris les anti-cytotoxic T lymphocyte antigen 4 (CTL A-4), les anticorps anti-programmed cell death 1 (PD-1) et anti-programmed cell death 1 ligand 1 (PD-L1), sont sans doute le développement le plus important dans le traitement du cancer au cours de la dernière décennie. Les indications de ces agents continuent de s’étendre à toutes les tumeurs malignes et à tous les types de maladies. Ils modifient ainsi bon nombre des approches de soins standard antérieures et apportant un nouvel espoir aux patients.
L’un des prix à payer de ces progrès est l’émergence d’un nouveau type d’effets indésirables liés au système immunitaire (irAE). Ces derniers sont souvent très différents des effets toxiques classiques liés à la chimiothérapie. En raison de l’utilisation croissante des ICI en oncologie, les cliniciens seront de plus en plus confrontés à des irAE communs mais aussi rares. Il convient donc de mieux faire connaître le tableau clinique, le diagnostic et le traitement de ces effets indésirables. Dans cet examen, nous donnons un aperçu des différents types d’irAE qui sont apparus jusqu’à présent.
Nous discutons de l’épidémiologie de ces événements et de leur cinétique, des facteurs de risque, des sous-types et de la pathophysiologie. Mais aussi des nouvelles perspectives concernant les stratégies de dépistage et de surveillance. Nous soulignons également les aspects les plus importants de la gestion des irAE.