3 questions au Pr Thomas J. Wolfensberger sur l’ophtalmologie du futur
Le Pr Thomas Wolfensberger est directeur médical de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin et chef du Service d’ophtalmologie de l’Université de Lausanne. Il nous partage sa vision de l’ophtalmologie du futur.
Quel est l’avenir des lunettes dans un monde de plus en plus connecté ?
Pr Thomas Wolfensberger : Les lunettes existent probablement depuis le 14e siècle, mais elles ont certainement encore de beaux jours devant elles. Elles sont très efficaces, simples à utiliser et nous continuerons à en avoir besoin. On note des évolutions en ophtalmologie, notamment au niveau des verres : ils sont toujours plus performants, plus fins et plus légers. Ce qui est très intéressant pour les personnes qui présentent une importante myopie. Ils peuvent également intégrer des protections anti- reflets, anti-rayures, etc. On observe aussi des tendances à incorporer de la haute technologie dans les lunettes. On peut par exemple projeter des données sur la face intérieure des verres.
Comment voyez-vous l’ophtalmologie du futur du côté des traitements thérapeutiques ?
L’ophtalmologie a fait un saut quantique il y a une quinzaine d’années, avec le développement des injections intravitréennes. Nous utilisons notamment ces dernières pour le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. L’injection de médicaments directement à l’intérieur de l’œil présente des avantages en termes d’efficacité. Mais cela reste un geste invasif. Nous évaluons d’autres voies d’application plus simples et des approches plus ciblées comme la thérapie génique. Parallèlement, les techniques opératoires ont évolué, donnant lieu à des possibilités micro- chirurgicales de plus en plus complexes. Avec par exemple des implants innovants au niveau de la rétine et de la cornée.
Qu’en est-il de la recherche en ophtalmologie ?
Notre laboratoire de recherche fondamentale mène depuis deux décennies des projets pour les affections de la rétine. Notre stratégie de recherche clinique en ophtalmologie pour les années à venir se déploiera dans le domaine des neurosciences de la vision et de la basse vision. Ceci avec des moyens technologiques puissants pour améliorer la réhabilitation visuelle des enfants et des adultes. D’importants efforts seront poursuivis en faveur du développement de l’intelligence artificielle pour le stockage et l’analyse scientifique à grande échelle d’images médicales. Ce sera fait dans le contexte d’un réseau collaboratif incluant plusieurs institutions suisses.