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Bienvu!

L’Hôpital ophtalmique soigne… et forme !

Temps de lecture: 4' Posté le Par Leatitia Grimaldi

Bien sûr, quand on pense « Hôpital ophtalmique », en tant que patient-e, c’est tout un panel de soins ou de besoins qui nous vient en tête, de l’opération de la cataracte au laser pour corriger une myopie, en passant par la visite aux urgences un dimanche après-midi avec un éclat métallique planté dans la cornée. Ce que l’on imagine moins, c’est tout l’univers de formations qui s’organise en coulisses pour assurer l’ensemble de ces actes 24 heures sur 24 et toute l’année, au sein de l’hôpital ou plus largement à la Fondation Asile des aveugles

Configuration unique en Suisse

L’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin est à la fois l’institution publique cantonale de soins en ophtalmologie, mais aussi le service universitaire rattaché à la Faculté biologie et de médecine de l’Université de Lausanne et un centre « A »* de formation post-graduée pour les médecins. Dès lors, lui reviennent les missions de soin et de formation en ophtalmologie de futur-e-s médecins, ophtalmologues, apprenti-e-s ou stagiaires. Ces formations ont lieu dans ses lieux ou dans ceux du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

Les futur-e-s ophtalmologues s’entraînent à opérer sur de faux patients et patientes lors des journées de formation chirurgicale.

La formation fait partie de l’ADN de l’institution

Mais l’institution va plus loin encore, formant la plupart des orthoptistes et enseignant-e-s spécialisé-e-s de Suisse romande, sans oublier les formations organisées pour le personnel de l’hôpital. « La formation fait partie intégrante de l’ADN de l’institution depuis toujours, souligne le Prof. Thomas J. Wolfensberger, directeur médical. Tout l’enjeu est de pouvoir la parfaire sans cesse, pour dynamiser un cercle vertueux bénéficiant tant aux patients et patientes qu’au personnel soignant et à la qualité des soins eux-mêmes.»

Prof. Thomas J. Wolfensberger

Directeur médical

Plongée au cœur de la formation prodiguée par l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin et, plus largement, la Fondation Asile des aveugles dont il fait partie.

Au coeur de la formation: les étudiant-e-s en médecine et futur-e-s ophtalmologues

Dans les salles de cours du CHUV et à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin

Quatrième année

En quatrième année des études de médecine, l’ophtalmologie se glisse au programme. Pour ces futur-e-s médecins, on parle de formation pré-graduée. Place, pour commencer, à la théorie, avec trente heures d’enseignement réparties sur deux mois, et à deux journées de découverte au sein de l’Hôpital ophtalmique.

Cinquième année

En cinquième année, les étudiant-e-s se consacrent à la pratique au sein de divers services de soins. Ils et elles peuvent choisir de passer un mois à l’Hôpital ophtalmique pour exercer leurs premiers soins, sous la supervision des assistant-e-s (médecins venant d’obtenir leur diplôme) et des chef-fe-s de clinique (jeunes médecins ayant obtenu un statut leur permettant d’assumer diverses tâches de supervision).

Sixième année, examen final

Enfin, en sixième année, l’épreuve d’ophtalmologie de l’examen final se présente sous la forme d’une trentaine de questions écrites. Pour la préparer au mieux, les médecins cadres de l’Hôpital ophtalmique proposent un cours juste avant les examens avec une discussion autour des questions attendues.

Au coeur de la formation: les ophtalmologues

En partie à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin

Cinq années de formation post-graduée

Diplôme de médecin en poche, direction la spécialisation en ophtalmologie FMH pour celles et ceux qui souhaitent devenir ophtalmologues. Tout d’abord cinq années de formation post-graduée sont à réaliser sous la forme de stages au sein de services hospitaliers. Parmi les impératifs : une année sur les cinq doit en principe se faire dans une spécialité médicale autre que l’ophtalmologie (en neurologie, chirurgie ou pédiatrie, par exemple). Et pour les quatre années en ophtalmologie elle-même, au moins deux sites de stage différents sont à prévoir. Une année devant se dérouler dans un centre de soins universitaire de niveau A. Chaque année, l’Hôpital ophtalmique accueille en moyenne vingt assistant-e-s et six chef-fe-s de clinique.

Spécialisation en ophtalmologie FMH

Finalement, c’est à Paris que s’organise l’examen de l’European Board of Ophthalmology (EBO) pour obtenir la spécialisation en ophtalmologie FMH. « C’est une excellente opportunité pour les jeunes ophtalmologues suisses, puisque cela rend leur formation compatible avec toute l’Europe », se réjouit le Prof. Wolfensberger. La formation post-graduée ne s’arrête pas toujours là. Elle peut être complétée par deux années de formation supplémentaire afin d’obtenir le titre FMH en ophtalmo-chirurgie.

Au coeur de la formation: les futur-e-s orthoptistes

À l’École supérieure d’orthoptique de Lausanne

l’École supérieure d’orthoptique forme chaque année deux à trois futur-e-s orthoptistes.

Intégrée à l’Unité de strabologie de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, l’École supérieure d’orthoptique forme chaque année deux à trois futur-e-s orthoptistes. Un nombre restreint qui correspond d’ailleurs aux besoins actuels de la Suisse romande. Un métier que l’Hôpital ophtalmique se réjouit de pouvoir maintenir. « Dans certains pays voisins, la profession a tendance à évoluer vers une fonction d’assistance à la consultation. C’est ce que déplore le Dr Pierre-François Kaeser, directeur de l’École supérieure d’orthoptique de Lausanne et responsable de l’unité de strabologie et ophtalmologie pédiatrique. Or, les orthoptistes ont des compétences exclusives. Elles sont essentielles pour le diagnostic de pathologies oculaires touchant aussi bien des nouveau-nés que des personnes très âgées». Exerçant en tandem avec un ou une ophtalmologue, l’orthoptiste est spécialisé-e dans l’examen, le diagnostic et la rééducation des strabismes, des troubles du développement visuel ou encore de la malvoyance.

Dr Pierre-François Kaeser

Directeur de l’École d’orthoptique

Formation de 3 ans après la maturité

Quant à la formation, accessible le plus souvent après l’obtention d’une maturité, elle se déroule sur trois ans. Elle associe enseignements théoriques et pratiques. « Ils sont principalement dispensés par nos sept orthoptistes enseignantes, en lien avec les médecins de l’unité de strabologie », précise le Dr Kaeser. À noter que l’institution lausannoise est l’une des deux seules écoles supérieures d’orthoptique en Suisse, l’autre étant à Winterthur.

Au coeur de la formation: les stagiaires et apprenti-e-s

À l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin notamment

Le temps d’un stage ou d’un apprentissage

Elles ou ils sont étudiant-e-s en soins infirmiers, futur-e-s assistant-e-s en soins et santé communautaire. Mais aussi photographes s’initiant à l’imagerie médicale en ophtalmologie (lire témoignage en p. 16). Ils ont en commun d’être de passage à l’Hôpital ophtalmique, à l’EMS ou ailleurs à la Fondation Asile des aveugles. Pour le temps d’un stage ou d’un apprentissage, de quelques semaines ou quelques mois. En 2021, par exemple, quatorze stagiaires ont été accueilli-e-s. La présence de tous ces jeunes implique un soin particulier de ce que Mario Desmedt, directeur des soins à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, appelle « le terreau indispensable à l’émergence et à l’épanouissement des talents ».

Mario Desmedt

Directeur des soins

Une organisation apprenante ne se résume pas à un catalogue de formations bien garni

Et de poursuivre : « Une organisation apprenante ne se résume pas à un catalogue de formations bien garni. Elle mais ose être une entité vivante où l’on accompagne, pense les pratiques et favorise les interactions profitables tant aux équipes qu’à l’institution. La finalité étant la qualité des soins offerte aux patients et patientes. C’est un esprit et une dynamique que nous veillons à insuffler en permanence. Grâce notamment à la quinzaine de formateurs, par ailleurs soignants, qui consacrent une partie de leur temps de travail à l’encadrement de ces jeunes.

Au coeur de la formation: les équipes du Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue

Au Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV)

Centre de compétences pour la Suisse romande

Devenu Centre de compétences pour la Suisse romande dans le domaine de la santé visuelle, le CPHV affûte plus que jamais ses outils de formation. Ils sont destinés aux professionnel-le-s du handicap visuel. Au cœur de la mission de Raphaëlle Bertrand, responsable « Formation et innovation » au CPHV, la formation se développe aujourd’hui selon deux axes majeurs. Le premier : l’élaboration d’un plan de développement et de gestion des compétences pour toute personne du CPHV (enseignant-e-s spécialisé-e-s, pédagogues en éducation précoce et spécialisée, etc.). Le second : la création d’un centre de formation spécialisé en déficit visuel s’appuyant sur des systèmes efficients de formation, incluant le e-learning.

Raphaëlle Bertrand Responsable
Raphaëlle Bertrand

Responsable « Formation et innovation »

Des outils logistiques sans précédent

Pour le tout, Raphaëlle Bertrand a élaboré des outils logistiques sans précédent, tels qu’une matrice de compétences permettant de croiser les besoins d’un poste donné avec les formations et niveaux de maîtrise requis au cas par cas. « Un travail collaboratif et minutieux, réalisé avec les équipes concernées pour être au plus près des besoins », précise la responsable. Aujourd’hui, 33 formations sont ainsi proposées aux spécialistes du CPHV. Depuis le mois d’août, certaines sont dispensées à des professionnel-le-s externes à l’institution travaillant dans le domaine du handicap visuel.

Au coeur de la formation: l’ensemble du personnel

À la Fondation Asile des aveugles

Culture commune pour travailler ensemble

Aussi structurée qu’à l’écoute permanente des besoins, la formation délivrée à l’ensemble des collaboratrices et collaborateurs se veut pratique. Mais aussi utile et bienveillante. « L’un de ses objectifs est de contribuer à une culture commune. Celle du travailler ensemble au sein de l’institution. Elle doit aussi être adaptée à la spécificité des problèmes de vision rencontrés par nos bénéficiaires, résume Géraldine Joudon, conseillère formation-développement RH à la Fondation Asile des aveugles). Cela s’apprend, par exemple, d’aider une personne malvoyante à s’orienter dans les couloirs d’un hôpital. Le fait d’avoir cette connaissance et cette attention contribue à la dimension humaine que nous veillons à soigner à l’hôpital. »

Géraldine Joudon

Conseillère formation-développement RH

De la journée d’accueil au formations ponctuelles

Et de poursuivre : « La formation proposée à toute nouvelle personne arrivant à la Fondation va de la journée d’accueil et d’information au plan d’intégration personnalisé préparé avec son ou sa responsable. Cela passe par toutes les formations ponctuelles organisées. » Celles-ci portent sur des thématiques aussi variées que la santé visuelle, la sensibilisation à la basse vision, l’hygiène hospitalière ou encore les problématiques de harcèlement ou de discrimination.

« Enfant, j’ai dit à mon ophtalmologue que je reprendrais son cabinet quand je serais grande »

En troisième année de formation post-graduée (soit après l’obtention du diplôme de médecin), Claire Seppey poursuit avec une détermination sans faille son parcours pour devenir ophtalmologue. Rencontre en direct de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin

Une vocation dès l’enfance…

Claire Seppey poursuit avec une détermination sans faille son parcours pour devenir ophtalmologue. Rencontre en direct de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. « J’ai été myope très tôt. C’est probablement ce qui a fait naître ma passion pour l’ophtalmologie. Enfant, j’étais fascinée par le fait d’arriver chez mon ophtalmologue en voyant flou, puis soudain de voir net, avec les verres adéquats. À tel point qu’un jour, je lui ai dit que je reprendrais son cabinet quand je serais grande. Ça l’a fait rire, mais il a été très encourageant.

Claire Seppey en consultation aux urgences

Et finalement, médecin assistante à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin

Et le moment venu, j’ai bel et bien entrepris des études de médecine. J’ai tenté de rester ouverte aux autres spécialités médicales. Mais non, c’est bien ça que je voulais faire. Aujourd’hui ? Après une année au Service de chirurgie de l’Hôpital de Bienne (une des cinq années de la formation post-graduée doit se faire dans une spécialité autre que celle visée, ndlr) et une autre en ophtalmologie à l’Hôpital de Bâle, me voilà, pour ma plus grande joie, médecin assistante à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, où le nombre et la variété de cas rencontrés m’impressionnent. »

Un conseil à donner ?

« En conclusion, si j’avais un conseil à donner à une ou un jeune intéressé par ce cursus. Faire des stages et de discuter avec des spécialistes. Si possible dès la première année de médecine, pour être sûr de partir dans la bonne direction. J’ai pu constater que les soins apportés aux yeux divisent très vite. Il y a les personnes que cela passionne et celles que cela effraye, voire dégoûte. Mais, même pour les personnes passionnées, rien n’est jamais gagné : l’apprentissage est exigeant, difficile parfois. Et tout ne s’acquiert pas sur les bancs de l’université. L’interaction avec les patients et patientes que l’on soigne peut, les premières fois, donner l’impression de faire un saut dans le vide. Et pourtant aujourd’hui, c’est ce qui me donne envie de partir au travail chaque matin ! »

Nous avons modifié l’article original pour en faire une version web.

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