Un café avec Elisabeth Schlosser, alias Dre Mimi
Dre Mimi, Docteur Rêves de la Fondation Théodora, passe deux journées par semaine au chevet des enfants opérés à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Son rôle : apporter légèreté et réconfort.
Avant de devenir Dre Mimi, que faisiez-vous ?
Elisabeth Schlosser : Je donnais des cours de trapèze et de fil de fer aux enfants. Mon clown est né au gré des spectacles de l’école de cirque.
Comment vous est venue l’idée de faire ce métier ?
Je connaissais la Fondation Théodora et le métier de « Docteur Rêves » m’intriguait. Ce sont des clowns professionnel-les, formé-es et payé-es par Théodora, qui se déplacent dans les hôpitaux au chevet des enfants.
Vous avez donc sauté le pas ?
Oui, c’était il y a 22 ans. Je cherchais un nom pour incarner mon docteur Rêves et lorsque je me suis vêtue avec mon costume coloré, ma chemise bariolée et mon petit chapeau, le personnel soignant m’a dit : « Comme tu es mimi ! » Et Dre Mimi est née.
En quoi consiste le travail de Dre Mimi à l’Hôpital ophtalmique ?
Je m’y rends deux fois par semaine, à raison de cinq heures par jour. J’accueille les enfants qui vont subir une intervention. Je les accompagne à l’entrée du bloc opératoire et les retrouve ensuite dans leur chambre. Je les accompagne aussi aux différents examens. Par jour de visite, je vois une dizaine d’enfants. Je suis là pour les distraire, pour leur apporter de la légèreté tout en faisant preuve de beaucoup de rigueur, car tout ce que je transporte ou que je porte doit être nettoyé et désinfecté après chaque jour de visite.
Vous êtes parfois présente lors de moments très durs, comment faites-vous pour ne pas sombrer ?
Il est vrai que je sers d’exutoire tant à l’enfant qu’à ses parents, mais j’aime ce métier. L’autre jour, un couple a reçu une nouvelle difficile concernant leur bébé. J’ai accompagné les parents et le petit dans la chambre. J’ai massé un peu les épaules de la mère qui s’est alors détendue. Le père tenait le bébé dans ses bras et des larmes ont commencé à couler sur ses joues. Je pleurais aussi. J’ai alors dit, tout simplement : « Ben, on pleure… » Il leur fallait juste une présence et un peu de tendresse. Mon rôle ne se limite pas à faire rire et à chantonner, parfois il prend une autre forme. Et si je sens que ce n’est pas le moment que j’intervienne, je m’en vais.
Vous ne vous sentez jamais dépassée ?
Je donne beaucoup de ma personne et je reçois aussi énormément en retour. Il ne faut pas oublier que contrairement aux infirmiers et infirmières, qui doivent parfois prodiguer des soins douloureux ou annoncer de mauvaises nouvelles, moi, j’ai le beau rôle. Chaque fois que j’arrive, on me déroule le tapis rouge. Je suis très bien intégrée à l’équipe soignante.
Vous semblez avoir une blouse aux poches bien remplies, quelles sont vos armes secrètes ?
Je me déplace toujours avec Pidoux, ma marionnette chat. Il ne mange que des câlins et des bisous. J’ai aussi Luck, mon écureuil assistant magicien. Yako est mon petit lapin marionnette. Sinon, j’ai aussi un kalimba : ce petit instrument me permet d’apporter un peu de musique sans que cela ne dérange l’étage. Je chante beaucoup. J’ai aussi avec moi un xylophone et un piano déroulable. J’improvise des chansons et des histoires pour accompagner chaque situation.
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