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Santé

3 lauréats pour le Prix Kattenburg 2023

Temps de lecture: 5' Posté le

La Dre Jelena Potic, la Dre Veronika Vaklavik et le Dr ès sc. Muhammad Ansar reçoivent le Prix Kattenburg 2023. Ce dernier ré­compense chaque année les chercheurs et chercheuses en ophtalmologie pour leurs travaux. Le prix distingue les contributions significatives dans la pré­vention de la cécité, le soutien aux per­sonnes aveugles ou des projets en relation avec le handicap visuel.

Trois projets récompensés par le Prix Kattenburg 2023

Le Conseil de Fondation de l’Asile des aveugles a attribué le Prix Kattenburg 2023 à trois chercheuses et chercheurs de l’Hôpital ophtalmique. Les deux premiers, proposés par la Dre Veronika Vaclavik et le Dr ès. sc. Muhammad Ansar, s’intéressent à des maladies rares qui ne bénéficie, encore aujourd’hui, d’aucun traitement. Le troisième, de la Dre Jelena Potic, traite du suivi des opérations chirurgicales des décollements de rétine.

L’optique adaptative pour mieux comprendre la rétinite pigmentaire

Le premier projet lauréat du Prix Kattenburg 2023, « EYS-gene » récompense la Dre Veronika Vaclavik, médecin à l’unité d’oculogénétique de l’Hôpital ophtalmique. Il vise à évaluer la fonction des cônes, grâce à la technique d’optique adaptative, chez les patients atteints de dystrophies rétiniennes non rattachés à des syndromes, causées par une variante du gène EYS. Le gène EYS (Eyes Shut Homolog) est un gène codant pour les protéines. Ses mutations sont fréquemment à l’origine de maladies telles que la rétinite pigmentaire 25 et la dystrophie choroïdienne.

L’objectif de l’étude est de mieux comprendre la fonction et la détérioration des cônes chez des personnes atteintes d’une rétinite pigmentaire due à ce gène encore peu connu. Chaque patient aura tout d’abord une évaluation clinique standard (examen , imagerie fonctionnelle et anatomique, électro-rétinographie, champ visuel, etc.). Dans un deuxième temps, on utilisera la technologie d’optique adaptative pour visualiser in vivo les cônes et bâtonnets de sa rétine. La chercheuse a identifié 30 patients « EYS » de l’Hôpital qui pourraient faire partie de cette étude.

En bref, les résultats de cette étude permettront de mieux comprendre le mécanisme de cette maladie, et en particulier le rôle du gène EYS. Cela devrait donc aider les chercheur en vue de s’approcher d’une solution thérapeutique.

De nouvelles cibles thérapeutiques pour le syndrome de Cohen

Le deuxième projet primé par le Prix Kattenburg 2023 s’appelle « RetinaSeq » du Dr ès sc. Muhammad Ansar, responsable du groupe de recherche « Génétique de l’œil » au Centre de recherche des sciences de la vue.

Le syndrome de Cohen (SC) est une maladie génétique rare qui touche environ 30’000 à 50’000 personnes dans le monde. Il est causé par des mutations avec perte de fonction dans le gène VPS13B. Cette maladie se caractérise par une série de signes cliniques. Par exemple, un retard de développement (déficience intellectuelle et petite taille de la tête). Elle mène aussi à une perte progressive de la vision due à une dégénérescence croissante des cellules rétiniennes. Les autres caractéristiques du syndrome de Cohen incluent une maculopathie cystoïde (œdème qui provoque des cavités dans la rétine), une myopie et une cataracte précoces.

L’étude du Dr Ansar vise à mieux comprendre les mécanismes cellulaires qui sous-tendent la dégénérescence des photorécepteurs due à la perte du gène VPS13B. L’étude vise également à identifier des cibles thérapeutiques potentielles pour la maladie. Pour ce faire, l’équipe de recherche utilise une technologie génomique de pointe. Celle-ci permet d’effectuer le séquençage de l’ARN au niveau cellulaire du tissu rétinien, obtenu à partir du modèle de souris SC. Puis, elle procède à une analyse transcriptomique complète. Cela est possible à l’aide de divers outils bio-informatiques pour le regroupement des cellules selon leur expression génique et l’identification des réseaux de régulation génique impliquée.

L’étude contribuera à identifier des cibles thérapeutiques potentielles pour le développement de traitements efficaces. A terme, il permettra de développer une médecine personnalisée pour les personnes atteintes de cette maladie génétique rare. Ce projet implique des chercheurs et chercheuses avec une expertise complémentaire. Certains sont spécialistes dans la mise au point de modèles de souris, d’autres dans la chirurgie, le séquençage de cellules uniques ou l’analyse bio-informatique.

La caméra optique pour suivre l’apparition des maladies rétiniennes

Le troisième projet lauréat du Prix Kattenburg 2023 s’intitule « AIRDROP ». Il a été proposé par le Dre Jelena Potic de l’unité de chirurgie vitréo-rétinienne.

Les déchirures rétiniennes et l’accumulation de liquide sous la rétine sont responsables des décollements de rétine (DR). Ceux-ci se caractérisent notamment par la séparation de la rétine neurosensorielle (et des photorécepteurs) de l’épithélium pigmentaire rétinien (RPE). Cela induit une mort cellulaire rapide des photorécepteurs et une perte de vision dans un œil autrement sain. A défaut de traitement, le décollement de rétine mène à la cécité dans 100% des cas. C’est la raison pour laquelle il est impératif d’explorer la mort cellulaire rétinienne in vivo et de trouver des thérapies potentielles pour la prévenir.

Pour le moment, le seul traitement actuel est chirurgical avec un taux de succès très élevé (environ 95%). Malheureusement, la rétine peut se redécoller dans 10% des cas dans les premières semaines après la chirurgie. Le développement d’une vitréo-rétinopathie proliférante (PVR) en est la principale cause. Cette réaction cicatricielle représente ainsi la cause principale d’une faible acuité visuelle postopératoire.

De fait, la jeune médecin a pour projet d’étudier, avec la technologie optique adaptative (AOSLO), les premiers biomarqueurs du développement de la vitréo-rétinopathie proliférante chez les personnes opérées pour un décollement de rétine. Basée sur les recherches menées dans les domaines de l’astronomie et de l’optique, l’optique adaptative est ensuite entrée en ophtalmologie. De nos jours, cette technologie améliore nettement la qualité de l’imagerie et des examens de l’œil. Elle offre également une meilleure visualisation de la rétine. En outre, le second objectif de l’étude est d’identifier l’origine des métamorphopsies. Ces troubles visuels provoquent en particulier une déformation des images chez les patients atteints de décollement de rétine. La chercheuse analyse la topologie des cellules rétiniennes chez ces patients en postopératoire avec cette même technologie.

Finalement, l’étude impliquera au total une centaine de patients atteints de décollement rhegmatogène de la rétine. Cela signifie que le décollement de la rétine est secondaire à une déchirure rétinienne. Les résultats permettront de détecter plus précocement les changements indiquant le développement d’un décollement de rétine post-chirurgical. A terme ils mèneront à de nouvelles approches thérapeutiques.

Le Prix Kattenburg 2023

La Fondation Kattenburg est née de la volonté d’un couple d’industriels néerlandais, venus passer leur retraite à Lausanne. Willy Kattenburg et sa femme Rose Claire, héritiers de l’entreprise textile familiale, ont vécu en Espagne et en Californie avant de venir s’installer dans la capitale vaudoise. Décédés en 2012, les Kattenburg ont souhaité que leur fortune bénéficie à l’art lyrique et à la recherche médicale.

Le « Prix Claire et Selma Kattenburg », honore la mémoire de leur fille. Il soutient la recherche scientifique de l’Hôpital ophtalmique ou réalisée en collaboration avec lui. Par ailleurs, le couple est à l’origine du « Concours Kattenburg de chant lyrique », à l’HEMU (Haute Ecole de Musique).

Depuis 2015, grâce au soutien de la Fondation, une vingtaine de projets de recherche ont pu se concrétiser. Ces projets portaient sur l’analyse des cellules, le traitement de la rétinopathie diabétique ou de maladies rares. De fait, les chercheurs et chercheuses reçoivent un appel à projets chaque début d’année. Puis, un comité scientifique évalue les dossiers des chercheuses et chercheurs. Il en propose une sélection au Conseil de la Fondation Asile des aveugles. Ce dernier attribue un ou plusieurs prix.

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