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Mamadi Diallo - Témoignage
Bienvu!

Mamadi Diallo, apprenti malvoyant employé de commerce

Temps de lecture: 3' Posté le Par Esther Rich

« J’espère faire une maturité et intégrer une Haute École »

Mamadi Diallo est malvoyant et en troisième année d’apprentissage d’employé de commerce. Le trentenaire, aveugle d’un œil et avec une acuité visuelle résiduelle de 10 % sur l’autre, trace sa route avec détermination et compte bien poursuivre ses études.

La première chose qui frappe lorsque l’on rencontre Mamadi Diallo, c’est son aisance à se déplacer de manière autonome et sans canne dans les méandres de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Ce Guinéen d’origine, venu tout d’abord à Lausanne pour y soigner ses yeux rendus aveugles par une allergie, est un battant. Il entame aujourd’hui sa troisième année d’apprentissage d’employé de commerce à la Fondation Asile des aveugles. Il a déjà pu travailler aux admissions et à la comptabilité de l’hôpital, au Centre pédagogique pour élèves handicapés de la vue (CPHV), à l’EMS Clair-Soleil et il terminera par le service des ressources humaines. Pourtant, les obstacles sur sa route ont été nombreux.

Aveugle à 13 ans

Il le dit lui-même : « Je n’aime pas me lamenter, pas plus que je n’aime être dépendant des autres. Je suis devenu totalement aveugle à l’âge de 13 ans. En Guinée, je n’ai pas pu poursuivre ma scolarité à cause de ma cécité, je n’avais pas non plus de canne à disposition. Je me suis débrouillé ainsi. Grâce à plusieurs opérations et aux soins que j’ai reçus ici à Lausanne, je vois un peu à nouveau, mais je m’étais fait à l’idée de ne jamais recouvrer la vue. Je n’utilise pas la canne blanche car je n’en ai pas pris l’habitude et je me sens à l’aise sans. »

Le jeune homme a décidé de faire sa vie en Suisse lorsqu’il a réalisé que dans son pays, les personnes malvoyantes n’avaient aucun débouché. « Il n’y a pas de programme de formation adapté et elles finissent souvent par mendier. En 2014, j’ai donc décidé de tenter ma chance ici. »

Bénévolat, théâtre, maturité professionnelle

À son arrivée en Suisse, Mamadi Diallo commence par suivre des cours dans le cadre de l’Établissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM), mais rapidement sa professeure lui propose de devenir assistant pédagogique. « Étant francophone, je pouvais aider les autres. J’ai aussi fait du bénévolat et même de la figuration au Théâtre de Vidy. Il n’a jamais été question pour moi de passer mes journées à ne rien faire ! »

Si le jeune homme malvoyant a mis du temps à débuter son apprentissage d’employé de commerce, c’est que les démarches administratives, tant pour obtenir des moyens auxiliaires de l’assurance invalidité que son permis B, étaient nombreuses. « Il y a de quoi décourager les gens, mais j’ai persévéré. Mon apprentissage me plaît, je m’entends bien avec mes collègues et avec les personnes qui suivent les cours avec moi. Je bénéficie d’un logiciel informatique de grossissement des textes et d’amélioration des contrastes, ainsi que d’un bras articulé pour bien positionner l’écran. » Après son apprentissage, Mamadi Diallo aimerait poursuivre avec une maturité professionnelle et peut-être intégrer ensuite la Haute école de gestion. Pour cela, il lui faut apprendre l’allemand. Un obstacle qui ne lui fait pas peur. « Tant que je n’ai pas essayé quelque chose, je ne sais pas si c’est impossible et je vais de l’avant ! » Plus tard, il aimerait également créer une fondation pour venir en aide aux personnes malvoyantes en Afrique. « Là-bas, elles n’ont aucune place dans la société, aucun soutien et aucun moyen de devenir autonomes. J’aimerais changer cela. Afin qu’elles puissent, comme ici, avoir une formation et un métier. »

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