« M’occuper d’autrui m’a aidée à ne plus penser à mes tracas »
Un café avec… Roane Guillen fait partie de la vingtaine de bénévoles qui officient régulièrement à l’EMS Clair-Soleil. Certains et certaines participent aux activités de groupe, tandis que d’autres se rendent au chevet d’une seule personne pour un accompagnement individuel régulier. C’est le cas de cette mère de deux jeunes enfants qui rend visite à Laure les mercredis matin.
Qu’est-ce qui vous motive à faire de l’accompagnement individuel bénévole en EMS ?
Roane Guillen En 2022, je sortais d’une rupture amoureuse et j’étais très centrée sur mes soucis. Je me suis dit que faire quelque chose pour autrui m’aiderait à ne plus penser à mes tracas. Comme je m’occupe de mes enfants en garde alternée et que j’ai un emploi à 70 % comme secrétaire de direction, je cherchais à faire du bénévolat près de chez moi. L’EMS Clair-Soleil est dans mon quartier, c’est très pratique.
Avez-vous commencé votre activité de bénévolat directement au chevet de Laure ?
Non, au début, je voulais encourager les liens intergénérationnels. En 2023, mon fils cadet n’avait pas l’école les mercredis matin, alors je me suis rendue à l’EMS avec lui. Nous avons participé à des ateliers, comme celui de l’épluchage de légumes. Depuis que mes deux enfants sont à l’école tous les matins, je viens seule et je suis la bénévole attitrée de Laure.
Que faites-vous avec elle ?
Laure a 101 ans et se fatigue assez vite. Je n’ai pas encore pu sortir avec elle, mais je l’amène dans la salle de séjour ou reste un peu dans sa chambre pour lui faire la conversation. Nous parlons de sa vie d’avant ou de mon quotidien. Elle n’a pas d’enfants et sa seule nièce, qui vit dans le Jura, a 80 ans et ne peut pas venir voir sa tante aussi souvent qu’elle le voudrait.
Que vous apporte le lien que vous avez tissé avec Laure ?
Je m’attache à elle et je sais que, compte tenu de son âge, je ne vais pas pouvoir l’accompagner pendant de nombreuses années. Mais elle a beaucoup d’humour et nous rigolons bien ensemble. Je la taquine régulièrement sur ses baskets de course. Elle est désormais dans un fauteuil roulant, mais porte des chaussures de sport, alors je lui demande si elle a bien fait son jogging aujourd’hui. Elle aime rire, nous nous entendons très bien.
Laure est pratiquement aveugle et entend très mal, n’est-ce pas compliqué de rentrer en communication avec elle ?
Non, je parle près de son oreille et elle s’exprime très bien. Je connais ses goûts, je vois aussi quand elle est fatiguée et qu’il est temps de la ramener à sa chambre. Je ne reste jamais plus de 30 à 40 minutes, car ensuite cela fait trop pour elle.
Pensez-vous poursuivre votre bénévolat en EMS avec quelqu’un d’autre lorsque votre résidente ne sera plus là ?
Oui. Je crois au karma et je me dis que le bien que je peux faire aux autres aujourd’hui, me sera – d’une manière ou d’une autre – rendu. Dans certains pays, toutes les générations vivent sous le même toit et c’est très enrichissant.
Nous avons modifié l’article original pour en faire une version web.