Billets de bus pour les personnes malvoyantes, mode d’emploi
Depuis le début de l’année, la gratuité des transports en commun a été levée. Les personnes malvoyantes doivent donc se procurer un billet payant. Conseils pratiques et astuces pour y parvenir.
Depuis pas moins de cinquante ans, les personnes au bénéfice d’une carte de légitimation pour aveugles et malvoyants avaient la possibilité de voyager gratuitement dans les bus et autres trams. Seuls les trajets en train leur étaient facturés.
Depuis le 1er janvier 2024, l’Alliance SwissPass a mis fin à ce privilège. La raison : mettre toutes les personnes en situation de handicap sur un même pied d’égalité. Si cette théorie est compréhensible, il n’en demeure pas moins que dans la pratique, acheter un billet de bus n’est pas si simple pour celles et ceux qui ne voient pas. Heureusement, des facilités existent. Petit tour d’horizon, non exhaustif.
Cartes ou billets prépayées
Que ce soit une carte multicourses ou un billet prépayé, ils ont l’avantage de pouvoir être achetés en avance, éventuellement par un proche.
Ils ont l’inconvénient de devoir être timbrés ou présentés au chauffeur de bus. Lorsqu’il n’est pas possible, pour des raisons pratiques ou d’affluence, de monter à l’avant du bus pour faire valider son billet, les TL rappellent que l’usager ou l’usagère peut inscrire (ou faire inscrire) à la main, avant de monter dans le véhicule, avec un stylo à encre non effaçable, la date et l’heure du trajet. Le billet est alors considéré comme valable. Cette astuce est aussi valable sur le réseau Travys (Transports Régional et d’Agglomération Vallée de Joux, Yverdon-les-Bains, Sainte Croix) et sur celui de la compagnie VMCV (Vevey-Montreux-Chillon-Villeneuve). Cette dernière propose aux habitués de se munir d’une VMCV card au guichet dans laquelle ils peuvent enregistrer un parcours. Il suffit ensuite de placer la carte sur les automates pour que le trajet soit débité.
Applications pour smartphone
Pour celles et ceux qui ont un smartphone, l’application Easy Ride (disponible directement via celle des CFF) simplifie les achats de titres de transport sur le réseau de bus et sur celui des CFF. Après avoir créé un compte, il suffit de lancer l’application au moment de monter dans le bus, puis de l’arrêter en sortant. Le coût du trajet se calcule automatiquement. Fairtiq fonctionne de façon similaire et est valable également sur plusieurs réseaux européens.
Autres solutions
La compagnie Travys assure qu’une partie de ses automates disposent d’indications en braille. Ceux des TPN (transports de la région nyonnaise) sont identiques à ceux des CFF sur lesquels figurent le numéro de téléphone en relief de la centrale. Comme pour les billets de train, un interlocuteur ou une interlocutrice peut alors prendre en main à distance l’appareil et aider à acquérir un billet (0800 11 44 77). Quant aux TL (Transports lausannois), ils offrent la possibilité de commander un billet par SMS. Pour cela, il suffit de composer le 456 et d’écrire le code qui correspond au trajet à effectuer (voir tableau des tarifs).
Le numéro de téléphone gratuit du Contact Center Handicap 0800 181 181 permet également de commander un billet.
A noter que la Croix-Rouge vaudoise propose un service d’accompagnement gratuit (pour les personnes au bénéfice de la carte d’accompagnement) par un ou une bénévole sur le réseau des TL. Il faut cependant en faire la demande par téléphone 48 heures à l’avance au 021 621 01 11. Toutes les personnes malvoyantes ou aveugles au bénéfice d’une carte de légitimation peuvent se faire accompagner gratuitement par un proche. Cela est valable dans les bus et dans les trains.
Rabais
Certaines communes, à l’instar de la ville de Lausanne, accordent des rabais sur les titres de transport aux personnes au bénéfice de prestations complémentaires. Il convient de se renseigner auprès de sa ville de résidence.
Changer ses habitudes et anticiper
Pour la compagne de Robert* la fin de la gratuité des billets de bus a eu des conséquences sur la planification de ses voyages. « Nous vivons à Cheseaux-sur-Lausanne et, une à deux fois par semaine, Anne* se déplace pour participer à des ateliers. Je lui achète des cartes multi-parcours qu’elle doit poinçonner. Pour le trajet d’aller, c’est assez facile car elle sait où se situe la machine sur le quai de gare. Au retour, c’est plus compliqué, car les bus n’ont pas de timbreuse. Elle devrait en théorie présenter sa carte au conducteur, mais ce n’est pas toujours possible selon l’affluence. »
Pour contourner ce problème, Robert inscrit à la main, sur le billet de retour, l’heure et le jour afin de pallier le manque de timbre officiel. « Il faut donc mieux anticiper les déplacements. Financièrement, cela n’est pas trop lourd pour nous, mais c’est clairement plus compliqué pour Anne de voyager seule. Elle aime son autonomie et n’est pas prête à renoncer à ses ateliers », conclut Robert.
Quant à Tania*, elle admet ne pas être trop touchée par le changement. « J’ai pris l’habitude d’acheter mes billets de train, et désormais de bus via l’application CFF en utilisant la synthèse vocale de mon téléphone. Je comprends que les personnes malvoyantes doivent aussi payer leur transport public au même titre que quelqu’un qui a un autre handicap. » La trentenaire s’en sort donc bien avec ce système, elle se souvient cependant d’un récent contrôle : « L’application était en panne et je suis tout de même montée dans le bus. Le contrôleur m’a dit qu’en pareil cas, j’aurais dû me procurer un billet à la machine. Je lui ai expliqué que ce n’était pas aussi simple. Il n’a pas insisté et ne m’a pas amendée. »
*noms connus de la rédaction