« Retourner dans le passé permet de comprendre le présent »
Nicolas Ducrey est un passionné d’ophtalmologie comme d’histoire de la médecine. Il y a un peu plus de dix ans, il a créé à Lausanne, avec le soutien de la Fondation Asile des aveugles, le Musée de l’œil. Un musée virtuel, qui comprend une collection d’objets scientifiques uniques, auquel s’ajoutent diverses expositions, comme celle de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin.
Comment est née l’idée du Musée de l’œil, inauguré en 2012 ?
Dr Nicolas Ducrey Cette aventure a démarré en 2007, à l’occasion du centenaire de la Société suisse d’ophtalmologie. Il m’a été proposé, parce que je m’intéressais déjà à l’histoire de l’ophtalmologie, d’organiser une exposition. J’ai immédiatement accepté, mais à une condition : que cette dernière perdure au-delà des trois jours que durait ce congrès anniversaire. J’estimais que le travail et les efforts nécessaires à sa création ne devaient pas rester vains, mais qu’ils devaient, au contraire, servir de base à un projet plus large. Ma demande a été acceptée, je me suis donc mis au travail.
Que propose le musée de l’œil aujourd’hui ?
Sa version virtuelle (musee-œil.ch) est composée d’une collection de pièces anciennes dédiées à l’ophtalmologie : lunettes, instruments d’examen et de traitement, gravures, etc. Cette collection unique de près de 700 objets s’étoffe au fil des trouvailles et des rencontres. Tout objet sélectionné, datant au minimum de trente ans, est photographié, décrit et documenté, afin de devenir accessible au plus grand nombre. Au-delà des objets « physiques » (qui sont stockés à la Fondation, ndlr), le concept de musée virtuel m’a immédiatement séduit car il permet de valoriser un nombre infini d’objets, pour un budget bien moins important qu’un musée classique. Le Musée de l’œil comprend également une exposition permanente, au sein même de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Quelques expositions temporaires ont aussi été organisées par le passé. J’espère d’ailleurs qu’à l’avenir ces expositions itinérantes seront plus nombreuses, toujours avec cette volonté de faire connaître davantage l’histoire de l’ophtalmologie.
Pour quelles raisons vous êtes-vous autant investi dans ce projet du musée de l’œil ?
D’abord, j’ai un attachement très fort, presque sentimental, à la Fondation Asile des aveugles, qui abrite l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Cette dernière a toujours soutenu mes projets. Il s’agit d’une superbe institution, aux valeurs humanistes, qui mène des actions fantastiques d’utilité publique depuis près de deux siècles. Ensuite, parce que j’ai fait toute ma carrière dans cet hôpital, du poste de chef de clinique à celui de directeur médical adjoint. Enfin, parce que je suis un passionné d’ophtalmologie, mais aussi d’histoire.
Qu’apporte « votre » musée au grand public ?
Retourner dans le passé permet de comprendre le présent. Les objets conservés expliquent comment les diagnostics et les traitements se déroulaient auparavant et comment ils ont évolué avec le temps. Chacun a son histoire et est un témoignage d’une technique, d’une époque, d’une avancée médicale. Le musée de l’œil est aussi important pour les professionnels et professionnelles de santé et pour la recherche. Mieux connaître les anciennes pratiques permet de mieux penser les prochaines. L’ophtalmologie est une spécialité médicale en plein essor qui améliore notablement la qualité de vie et le quotidien des patients. Elle a, j’en suis persuadé, un très grand avenir.
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