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Naïg Chenais, docteure en neurosciences
Bienvu!

La neuroprotection au secours de la rétine

Temps de lecture: 3' Posté le Par Clémence Fitaire

Une technique pour freiner la progression des maladies dégénératives et préserver la vision.

Face à certaines maladies rétiniennes, la neuroprotection peut aider à ralentir la dégénérescence de cellules essentielles à la vision, comme les photorécepteurs. Cette approche prometteuse est au cœur des travaux du groupe de recherche « Visual and retinal neuroprotection laboratory » de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, mené par Naïg Chenais, docteure en neurosciences.

En quoi consiste le concept de neuroprotection ?

La neuroprotection vise à limiter les dommages causés par une maladie et à préserver ce qui fonctionne encore dans une structure composée de neurones. Dans le contexte d’une affection touchant le système visuel, cela signifie protéger les neurones rétiniens – un réseau complexe de cellules interconnectées – qui ne se régénèrent plus une fois détruits, et dont la dégénérescence engendre des modifications en cascade le long du circuit de traitement de l’information visuelle. Ces neurones sont en effet tous essentiels à la vision. Ils établissent, dès le stade embryonnaire, les connexions qui assurent une bonne résolution visuelle. D’où l’importance de les conserver le plus longtemps possible.

Comment la neuroprotection s’inscrit-elle dans le contexte de l’ophtalmologie ?

Elle peut être utile dans toutes les situations impliquant une dégénérescence des neurones de la rétine, en particulier des photorécepteurs. Cela concerne notamment les dystrophies rétiniennes héréditaires. Cet ensemble de maladies est causé par des mutations génétiques différentes, mais qui entraînent des formes cliniques assez similaires de dégénérescence. Parmi ces pathologies, la plus étudiée est la rétinite pigmentaire, mais la neuroprotection pourrait aussi jouer un rôle précieux pour des maladies plus complexes ou multifactorielles. Par exemple, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ou les décollements de rétine.

Quelles sont les pistes sur lesquelles vous travaillez au sein de votre groupe de recherche ?

La neuroprotection n’est pas un concept nouveau en soi. Plusieurs groupes de recherche sur les maladies dégénératives s’y consacrent aussi. Mais notre particularité est d’en avoir fait la ligne directrice de notre réflexion, afin d’aborder les dégénérescences rétiniennes à plusieurs niveaux d’analyse et d’intervention, de l’échelle subcellulaire jusqu’aux connexions visuelles.

En quoi la neuroprotection diffère-t-elle d’une thérapie génique ?

La thérapie génique vise généralement à corriger un problème « à la source ». Dans le cas des dystrophies rétiniennes héréditaires par exemple, une approche thérapeutique possible au niveau génétique est de modifier les anomalies sur les régions d’ADN ou d’ARN en cause.

La neuroprotection est, quant à elle, une sorte de compromis. L’idée est d’accepter de ne pas corriger la cause au niveau génétique, mais d’agir le plus tôt possible pour ralentir efficacement la progression de la maladie. Pour cela, nous pouvons avoir recours à la pharmacologie génétique. Elle permet aux cellules traitées de synthétiser des molécules (chélateurs) qui vont interagir avec certains messagers cellulaires et protéger les neurones. En résumé, nous intervenons suffisamment en amont pour préserver les fonctions visuelles, mais aussi suffisamment en aval pour proposer une même approche à des patients et patientes souffrant d’anomalies génétiques différentes.

Pourquoi cette méthode est-elle particulièrement intéressante ?

La diversité des mutations génétiques impliquées dans les dystrophies rétiniennes rend très difficile une prise en charge ciblée. Pour chaque patient et patiente, il faudrait théoriquement développer une thérapie spécifique. Cela est extrêmement complexe, d’autant plus quand la mutation en question n’est pas toujours connue. La neuroprotection permet de proposer une approche plus générale, qui peut ralentir ou figer l’évolution de la maladie et s’appliquer à un plus grand nombre de personnes.

La neuroprotection vise à agir le plus tôt possible pour ralentir efficacement la progression de la maladie

Naïg Chenais

Nous avons modifié l’article original pour en faire une version web.

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