MitoEye : explorer les mitochondries pour comprendre la DMLA
Un troisième prix Kattenburg pour une recherche de pointe
Le Conseil de la Fondation Asile des aveugles a attribué fin octobre le 3ᵉ Prix Claire et Selma Kattenburg pour 2025. Ce prix distingue le projet « MitoEye : Mitochondrial Genome Instability in Aging Retina », mené par le Dr Muhammad Ansar, PhD, responsable du groupe de recherche Génétique oculaire. Il avait déjà primé deux autres projets novateurs en juillet dernier.
Comprendre le rôle de l’ADN mitochondrial dans la DMLA
Le projet MitoEye s’intéresse au rôle de l’instabilité de l’ADN mitochondrial (ADNmt) dans le vieillissement rétinien et la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Étant donné que les tissus rétiniens dépendent fortement de la phosphorylation oxydative et sont riches en mitochondries, ils sont particulièrement sensibles aux dysfonctionnements mitochondriaux.
L’accumulation de mutations de l’ADNmt – notamment les délétions de grande taille – est soupçonnée d’endommager les cellules rétiniennes clés comme les photorécepteurs et l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR) conduisant à une perte de vision au cours du vieillissement et dans la DMLA.
Le projet formule l’hypothèse que certaines propriétés structurales de l’ADNmt, influençant sa fragilité et sa susceptibilité aux délétions somatiques, interagissent avec des facteurs de risque connus de la DMLA qui favoriser la progression de la maladie.
MitoEye poursuit deux objectifs principaux. Le premier consiste à utiliser des données populationnelles issues de la UK Biobank afin de déterminer s’il y a une corrélation entre les scores de fragilité de l’ADNmt et le risque de DMLA, en tenant compte de l’âge, du mode de vie et des facteurs génétiques. Le second objectif s’appuie sur des données multi-omiques en cellule unique déjà disponibles, permettra d’évaluer comment les mutations somatiques de l’ADNmt affectent la santé fonctionnelle des cellules rétiniennes individuelles, et si des facteurs environnementaux comme l’hypoxie modulent cette relation.
Une approche bioinformatique ambitieuse et réaliste
Le projet bénéficie d’atouts solides : accès à de vastes bases de données bien caractérisées (UK Biobank, GEO), outils bioinformatiques éprouvés et collaboration avec une équipe experte en génomique mitochondriale. Entièrement fondé sur l’exploitation de données publiques, il présente une excellente faisabilité et promet des résultats rapides, sans nécessiter de collecte d’échantillons ni d’expérimentations en laboratoire.
En cas de succès, MitoEye pourrait avoir un impact majeur. Il pourrait établir la fragilité de l’ADNmt comme un nouveau facteur de risque génétique pour la DMLA, permettre un diagnostic précoce via des biomarqueurs basés sur l’ADNmt circulant, et suggérer de nouvelles stratégies thérapeutiques, comme la modulation de l’hypoxie, pour préserver la fonction rétinienne.
Plus largement, ce projet marque une étape pour intégrer la génomique mitochondriale à l’ophtalmologie, ouvrant la voie à des traitements ciblant les mitochondries dans les maladies oculaires liées à l’âge.