
« Chaque échange est une richesse »
Un café avec Pierre-Alain Uberti.
Juriste de formation et ancien vice-chancelier du Canton de Vaud, Pierre-Alain Uberti est, depuis 2021, le directeur général de l’Union centrale suisse pour le bien des aveugles (UCBA). Il nous parle de sa mission au sein de l’association.
Votre parcours professionnel est marqué par plusieurs virages. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous orienter vers le domaine social ?
C’est un peu par hasard que j’y suis entré, même si mon intérêt pour ces questions s’est réellement renforcé au cours de mon expérience au service du Conseil d’État vaudois. Après avoir occupé le poste de vice-chancelier, j’ai été durant huit ans vice-directeur d’INSOS, l’association de branche nationale des prestataires au service des personnes en situation de handicap. J’ai ensuite dirigé une école sociale à Lausanne pendant quatre ans, avant de revenir dans le monde associatif en prenant la direction de l’UCBA. Cet univers me parle particulièrement, c’est celui qui a le plus de sens pour moi.
Qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette nouvelle fonction ?
Le milieu de la cécité et de la malvoyance m’intriguait depuis longtemps. Ce poste me permettait aussi de garder un lien avec le monde germanophone, qui m’est cher, ma mère étant allemande. La fonction elle-même me correspond bien : elle implique de nombreux déplacements à travers la Suisse, et j’aime bouger, parler plusieurs langues et aller à la rencontre des gens. Chaque échange est une richesse !
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en arrivant à l’UCBA ?
Les personnes que j’y ai rencontrées : leur énergie, leur enthousiasme, l’intelligence collective. Les membres ont beaucoup à dire sur leur propre avenir et se révèlent de véritables partenaires de discussion. J’ai aussi été touché par la manière libre et bienveillante dont ces personnes parlent de leur handicap, sans tabou, et avec une grande tolérance face aux maladresses auxquelles elles font face au quotidien. Mon rôle est de porter la voix des diverses organisations dont elles sont membres, avec l’adage qui guide notre action : « Rien sur nous, sans nous ».
Quelles ont été vos priorités stratégiques depuis votre entrée en fonction ?
La première a été de poser les bases d’une stratégie globale. Il s’agissait de répondre à des questions fondamentales comme : qui sommes-nous ? Pourquoi sommes-nous là ? En d’autres termes, redéfinir le sens de notre mission au service de nos membres. Nous avons également travaillé sur les valeurs que nous portons, comme l’inclusion, la participation et l’autodétermination. Cette réflexion a été menée de manière participative, ce qui me paraissait essentiel. La stratégie issue de ce processus sera prochainement soumise au vote des membres.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre concernant le handicap et l’inclusion ?
J’aimerais une plus grande sensibilité des autorités politiques face aux réalités du handicap. Trop souvent, les mesures d’inclusion se heurtent à des contraintes budgétaires, ce qui est frustrant, car les besoins sont aussi réels qu’urgents. On parle ici de personnes souvent isolées, dont la qualité de vie est profondément impactée par ce manque de ressources. Le monde politique, en se concentrant sur les chiffres, oublie parfois l’aspect humain derrière les problématiques dont il est question. Bien sûr, on observe une évolution positive vers plus d’inclusivité, mais un engagement financier plus marqué de la part des autorités serait le bienvenu !
Nous avons modifié l’article original pour en faire une version web.