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Le chirurgien choisit une musique pour détendre son patient au bloc opératoire
Bienvu!

Direction le bloc opératoire

Temps de lecture: 7' Posté le Par Laetitia Grimaldi

Bienvenue dans les coulisses d’un étage pas comme les autres.

bloc opératoire illustration

Qu’il s’agisse d’une intervention en urgence ou d’un acte planifié à l’avance, toute opération chirurgicale prévue à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin se déroule dans l’antre du 3e étage. Un lieu où s’active une douce fourmilière au sein de laquelle chaque professionnel-le, maillon indispensable d’une vaste chaîne, connaît par cœur sa partition tout en s’adaptant à la spécificité de chaque situation.

Tour à tour intrigant, effrayant ou rassurant, le bloc opératoire est le passage obligé pour toute intervention nécessitant un lieu, un matériel et une équipe hautement spécialisés.

À l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin, une salle dite « blanche » permet de prendre en charge les soins mineurs (injections dans l’œil par exemple) mais, pour tout le reste, c’est bien l’un des quatre blocs opératoires, situés au 3e étage (l’accueil se faisant au 5e), qui ouvre ses portes aux patient-e-s de 0 à plus de 100 ans. Place alors à une organisation parfaitement rodée associant pas moins d’une dizaine de corps de métier. Assistant-e technique spécialisé-e en salle opératoire, infirmier-ère anesthésiste, anesthésiste, infirmier-ère instrumentiste, chirurgien-ne, responsable de la stérilisation du matériel ou encore logisticien-ne, s’activent 24 heures sur 24 pour le bien de l’intervention elle-même comme pour gérer le moindre aléa, dans une ambiance déconcertante de calme, d’efficacité et d’empathie. Un mélange clé pour assurer une prise en charge optimale et sécuritaire des patient-e-s.

L’exemple d’une opération de la cataracte

Au fil du temps, c’est inéluctable, le cristallin vieillit. C’est alors que cette lentille cachée juste derrière l’iris perd de sa transparence et empêche les rayons lumineux d’atteindre correctement la rétine, située à l’arrière de l’œil. Un « voile » semble se poser sur les yeux. Si le phénomène fait son apparition autour de 60 ans, l’intensité de la gêne dépend des activités menées au quotidien. Lorsque la baisse de vision devient trop importante, l’opération s’impose. Son principe : retirer le cristallin et le remplacer par un implant capable de faire de nouveau converger les rayons lumineux vers la rétine. Cela permet également de corriger certains défauts visuels.

Avant l’opération

Une fois le diagnostic de cataracte posé, une consultation chez l’ophtalmologue est nécessaire pour que médecin et patient-e puissent discuter de l’intervention, des modalités d’anesthésie (lire encadré) et pour que toutes les mesures de l’œil soient prises. « Ce rendez-vous et la précision des mesures sont déterminants pour choisir l’implant qui convient le mieux », souligne le Dr Bao-Khanh Tran, co-responsable de la policlinique et des urgences de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Et d’ajouter : « L’objectif est aussi de pouvoir rassurer la personne sur le fait qu’elle ne va rien voir ni sentir durant l’intervention, même si l’œil n’est anesthésié que localement. »

Sauf si le cas relève d’une urgence, l’intervention s’effectue dans les jours ou semaines qui suivent.

Dr Bao-Khanh Tran
Dr Bao-Khanh Tran

Co-responsable de la policlinique et des urgences

Le jour J

Premières étapes à l’hôpital

Prévue en ambulatoire la plupart du temps, l’arrivée pour l’opération de la cataracte se fait le jour même. Après les formalités administratives, direction l’hôpital de jour. L’équipe soignante accueille la personne qui revêt la tenue requise pour l’intervention. Elle est ensuite installée sur le lit ou le fauteuil qui l’amènera au bloc opératoire.

Arrivée au 3e étage

Le plus souvent au niveau d’un « sas » situé à la sortie de l’ascenseur, l’équipe du bloc opératoire prend le relais. La personne est installée dans une pré-salle opératoire où les protocoles de prise en charge pour l’intervention, bien codifiés, démarrent : vérification des données personnelles et médicales, installation du moniteur de contrôle pour la surveillance des constantes vitales durant l’intervention, pose d’un cathéter, application des gouttes oculaires, etc.

Spécificité de l’ophtalmologie, la majorité des opérations se déroulent  sous microscope.
Spécificité de l’ophtalmologie, la majorité des opérations se déroulent sous microscope.
Entrée au bloc opératoire

Tandis que l’équipe soignante s’affaire à préparer chaque détail de l’intervention, la personne fait son entrée : les équipes installent la table opératoire sous les puissantes lumières du bloc opératoire.

Karine Ulatowski
Karine Ulatowski

Infirmière instrumentiste

Étape après étape, le champ opératoire recouvre entièrement le corps du patient ou de la patiente (préalablement équipé-e d’un masque à oxygène), à l’exception de son œil, désinfecté et prêt à être opéré. « Même si tout est fait en amont pour apaiser la personne, cette configuration peut bien sûr générer de l’anxiété. Nous veillons à ce qu’elle sente notre présence à ses côtés en permanence. Il faut qu’elle sache qu’à tout moment elle peut nous indiquer si quelque chose ne va pas ou si elle a simplement besoin de tousser, par exemple, précise Karine Ulatowski, infirmière instrumentiste à l’Hôpital ophtalmique. Le moindre geste pouvant être dramatique durant l’intervention, nous lui expliquons qu’il suffit de dire «stop» – sans bouger – pour que le ou la médecin suspende son geste. »

Instrumentistes, aides de salle, chirurgien et anesthésiste,  l’opération de la cataracte est une affaire d’équipe.
Instrumentistes, aides de salle, chirurgien et anesthésiste, l’opération de la cataracte est une affaire d’équipe.
Du Heavy metal au bloc opératoire

Et parce que la prise en compte de cet état émotionnel est essentielle pour le bon déroulement de l’opération, certain-e-s médecins redoublent même d’ingéniosité, à l’instar du Dr Bao-Khanh Tran, qui propose à ses patient-e-s de choisir un fond sonore : « De la musique classique au Heavy metal, nous avons tout eu, sourit le médecin. L’œil est l’une des parties du corps générant le plus de craintes lorsqu’elle doit être opérée. Avec la musique, l’idée est de détourner en douceur l’attention d’un sens – ici, la vue – au profit d’un autre – l’ouïe. En effet, cela apporte un apaisement parfois spectaculaire, les personnes nous exprimant souvent leur surprise que l’intervention soit déjà terminée. »

Le fameux  «Phacoémulsificateur»,  protagoniste clé de l’opération  de la cataracte. Muni d’une  sonde à énergie ultrasonique,  il permet de fragmenter puis  d’aspirer le cristallin.

Le fameux
«Phacoémulsificateur»,
protagoniste clé de l’opération
de la cataracte. Muni d’une
sonde à énergie ultrasonique,
il permet de fragmenter puis
d’aspirer le cristallin.

L’intervention

Pouvant durer entre 10 et 60 minutes selon les cas, nos spécialistes réalisent cette intervention sous microscope. Soigneusement choisi pour correspondre au mieux à l’œil et au besoin de la personne, l’implant ressemble à une lentille. Inséré au moyen d’un dispositif injecteur, il se glisse dans l’ouverture pratiquée au préalable par le ou la médecin pour extraire le cristallin. Une ouverture infime : « Grâce aux progrès fulgurants de ces dernières décennies en termes d’équipements, l’incision nécessaire ne dépasse pas les 2,2 mm pour une opération de la cataracte », indique le Dr Tran.

Anisoara Nicastro, infirmière instrumentiste
Anisoara Nicastro

Infirmière instrumentiste

Une évolution qui continue de fasciner Anisoara Nicastro, infirmière instrumentiste à l’Hôpital ophtalmique depuis près de 25 ans : « Depuis que je suis arrivée, les appareils ont beaucoup évolué pour devenir toujours plus performants et offrir une sécurité toujours plus grande aux patient-e-s. » À noter que l’émergence d’appareils de plus en plus innovants et connectés nécessite une attention permanente : « Nous devons bien sûr être très réactifs au moindre problème qui survient, mais également assurer une veille constante sur les évolutions, ces avancées technologiques faisant partie intégrante de l’offre de soins », souligne Hélène Ly, ingénieure biomédicale à l’Hôpital ophtalmique.

Hélène Ly, ingénieure biomédicale
Hélène Ly

Ingénieure biomédicale

Après l’intervention

Après une collation et une visite du ou de la médecin, la personne peut rentrer chez elle. Un pansement couvre encore son œil pour le reste de la journée.

Suivi post-opératoire

Les spécialistes préconisent généralement un traitement de trois semaines. Il comprend des gouttes antibiotiques (pour éviter tout risque d’infection) et des gouttes anti-inflammatoires (pour calmer l’inflammation liée à l’intervention).

Il faut prévoir des contrôles réguliers chez l’ophtalmologue : généralement un jour, sept jours et un mois après l’intervention.

Anesthésie : à chaque cas sa solution

Le plus souvent, l’opération de la cataracte se fait sous anesthésie locale mais plusieurs modalités sont possibles. En effet, cela dépend de l’état de santé de la personne, son niveau d’anxiété, son âge et les spécificités de sa cataracte. Les explications de la Dre Raluca de Antoni, anesthésiste à l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin.

Raluca de Antoni, anesthésiste
Dre Raluca de Antoni

Médecin anesthésiste

  • Gouttes oculaires : c’est la forme d’anesthésie minimale pour la cataracte. Ces gouttes permettent d’« endormir » la surface de l’œil, mais les mouvements oculaires restent possibles.
  • Gouttes oculaires + anesthésie loco-régionale : en plus des gouttes oculaires, nos spécialistes appliquent un anesthésiant par piqûre autour de l’œil. De ce fait, l’œil ne peut alors ni bouger ni voir pendant l’opération.
  • Gouttes oculaires et/ou anesthésie loco-régionale + sédation : une sédation par voie intraveineuse peut être proposée pour abaisser le niveau d’anxiété. Elle est généralement administrée avant l’arrivée au bloc opératoire, mais reste possible à tout moment durant l’intervention si besoin.
  • Anesthésie générale : si l’état de santé physique ou psychique du patient ou de la patiente, son âge ou la complexité de sa cataracte le justifient, l’intervention peut se faire sous anesthésie générale. Un rendez-vous préparatoire avec un-e anesthésiste est alors requis une à deux semaines en moyenne avant l’intervention.

Vroum vroum, en route pour le bloc !

Depuis l’été 2020, des pilotes de course d’un nouveau genre sillonnent les couloirs de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin.

Âgé-e-s de 3 à 5 ans, les jeunes patient-e-s attendu-e-s au bloc opératoire ont désormais la possibilité de s’y rendre à bord d’un petit bolide électrique. À l’origine du projet, deux soignantes de l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin : Ophélie Uffer, infirmière, et Laetitia Bugnon, assistante en soins et santé communautaire. Elles ont eu l’idée d’introduire ces véhicules pour distraire les enfants et ainsi diminuer leur niveau d’appréhension. Financée par un généreux donateur, l’initiative est un franc succès. « Pour nous, adultes, il s’agit d’un outil thérapeutique, mais les enfants y voient bien sûr un jeu, ce qui rend le départ pour le bloc bien plus léger », témoigne Fanny Casas, infirmière cheffe d’unité de soins (ICUS) à l’Hôpital ophtalmique.

Dans le détail, comme pour toute intervention chirurgicale, les infirmières accueillent les enfants dans les étages dédiés de l’hôpital. « Nous les préparons dans la chambre réservée pour eux. Ils et elles se changent pour mettre la blouse prévue pour le bloc, nous les pesons, les mesurons, puis appliquons les gouttes qui vont permettre de dilater les pupilles pour l’opération », précise l’infirmière. C’est là que, s’ils et elles le souhaitent, les jeunes patient-e-s peuvent monter à bord de leur véhicule pour quitter l’étage, prendre l’ascenseur et atteindre la salle de réveil – qui est le lieu d’accueil des enfants avant l’opération. Conduite experte le plus souvent, mais accompagnée toujours : les enfants circulent aux côtés d’un infirmier ou d’une infirmière et de leurs parents. Ce sont ainsi une quinzaine de jeunes conducteurs et conductrices qui roulent fièrement jusqu’au bloc opératoire chaque semaine.

Fanny Casas, ICUS, accompagne un petit patient au bloc opératoire.
Fanny Casas, ICUS, accompagne un petit patient au bloc opératoire.

Nous avons modifié l’article original pour en faire une version web.

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