Clair-Soleil: un EMS accessible
L’EMS Clair-Soleil s’est adapté à ses pensionnaires souffrant de déficit visuel.
Panneaux de signalisation et boutons d’ascenseur en gros caractères, rambardes et assiettes aux couleurs contrastées, éclairages adéquats : à l’EMS Clair-Soleil de la Fondation Asile des aveugles, les lieux sont pensés pour être accessibles aux pensionnaires, dont beaucoup ont un déficit visuel. Animations et activités sont elles aussi adaptées avec soin.
« La vie est très agréable ici, je me sens comme chez moi », affirme Lise-Marie, qui réside depuis plus de sept ans à l’EMS Clair-Soleil de la Fondation Asile des aveugles. Cette femme souriante raconte : « Ici, tout le monde s’occupe de nous, notamment les infirmières. Elles nous remontent tout le temps le moral. » Gisèle qui, elle, est malvoyante, est arrivée dans cet EMS accessible il y a trois ans. Elle apprécie tout particulièrement l’environnement de son nouveau lieu de vie. « Nous avons un tellement beau jardin ! remarque-t-elle d’emblée. Nous en profitons aussi souvent que possible. »
Signalisation et accessibilité à l’EMS
Lise-Marie et Gisèle figurent parmi les 94 pensionnaires de l’établissement, dont la moyenne d’âge est de 88 ans. « Nous avons un homme et trois dames âgés de plus de 100 ans, la doyenne en ayant 103 », précise Mireille Carrupt, directrice de l’établissement. La majorité des personnes accueillies étant malvoyantes – trois sont non-voyantes –, il a fallu aménager les lieux pour faciliter leurs déplacements. Outre l’absence de seuil, qui est de mise dans toutes les maisons accueillant des personnes âgées, un soin particulier a été apporté « à la signalisation, afin que les chambres et les parties communes leur soient aisément accessibles», souligne la directrice. Dans les ascenseurs, par exemple, « il est possible d’appuyer sur un bouton d’étage quand on est sur une chaise roulante ou en lisant avec le doigt le numéro en braille ou en relief », poursuit-elle.
Les personnes avec un déficit visuel ont aussi besoin « d’un éclairage spécifique, constate Catherine Grandjean, ergothérapeute dans l’établissement. Il faut faire en sorte qu’elles ne soient pas éblouies, tout en ayant beaucoup de lumière ». Quant aux couleurs choisies pour la décoration de cet EMS accessible, elles doivent être contrastées. Côté parc, les rambardes qui longent les chemins de promenade sont peintes en jaune et noir. Dans la salle à manger, « la vaisselle blanche est ornée d’un liseré bleu et les nappes sont choisies de telle sorte que les assiettes s’en détachent bien », précise Céline Neri-Thirel, responsable du secteur socio-hôtelier de l’EMS.
Dans certains équipements, le son prend d’ailleurs le relais de la vue. C’est ainsi que la borne électronique de l’entrée, dotée de gros caractères, peut être lue mais aussi entendue grâce à une voix qui énonce le menu du jour et la météo, ainsi que le programme des animations du jour.
Activités en tout genre dans cet EMS accessible
De nombreuses activités sont proposées aux résidents et aux résidentes. « Elles sont pensées pour correspondre à toutes et à tous. Nous les adaptons également aux personnes ayant un déficit visuel », souligne Céline Neri-Thirel. Leur éventail est très large. Cela va de la lecture de journaux et de romans à la gymnastique douce, en passant par des exercices de relaxation ou des dégustations de chocolat ou de thé. Les pensionnaires peuvent aussi se livrer à des tâches culinaires. Par exemple, la découpe de légumes ou la préparation de recettes sous la supervision du chef de l’EMS. Il leur est aussi possible de s’inscrire à la Bibliothèque sonore romande, où les personnes avec déficit visuel « ont accès à un large catalogue de livres audio, car l’EMS met à leur disposition des appareils spécialement conçus à leur intention », précise Catherine Grandjean.
Pour garder le contact avec le monde extérieur, l’EMS organise régulièrement des sorties. Ces sorties se font soit en groupe – au restaurant, au musée ou encore au bord du lac –, soit en individuel, au supermarché, au café ou ailleurs. Il y en a donc pour tous les goûts. À noter que les plus courues restent toutefois les activités musicales, comme les concerts et les ateliers de chant. Et bien sûr les lotos, qui connaissent un énorme succès.
Gisèle apprécie pour sa part particulièrement « les jeux de mémoire et le yoga du rire », indique-t-elle. Quant à Anne-Lise, elle confie qu’elle « participe à la plupart des activités proposées, notamment celles faites à plusieurs. Cela lui permet de connaître du monde ». Elle fait toutefois figure d’exception, car « les personnes, dans leur grosse majorité, préfèrent les activités qui se font en individuel », constate Céline Neri-Thirel.
Une équipe de soin étoffée
Offrir aux personnes âgées une bonne qualité de vie implique aussi – et surtout – de veiller à leur santé. L’EMS accessible dispose dans ses murs de trois médecins, d’infirmières, d’assistantes en soins et santé communautaires (ASSC) et d’auxiliaires de santé (aides-soignantes), ainsi que d’ergothérapeutes et de physiothérapeutes. Selon les besoins, l’établissement fait aussi régulièrement appel « à des prestataires externes, tels que des dentistes, des ophtalmologues ou des podologues », note Mireille Carrupt.
Le personnel met tout en place pour assurer le bien-être des pensionnaires et pour les accompagner dans tous les aspects de leur vie. Y compris, précise Catherine Grandjean, « dans le domaine spirituel. Un pasteur vient chaque semaine célébrer un culte œcuménique ».
Outre les prestataires extérieurs et les bénévoles qui animent divers ateliers, une centaine de personnes employées par l’EMS entourent les résidentes et résidents. Pour faciliter leur quotidien, « nous élaborons des projets d’accompagnements personnalisés en fonction de leur vécu, de leurs besoins et de leurs envies. C’est parfois difficile, en raison de leur nombre, mais nous nous adaptons à chacun », souligne la responsable du secteur socio-hôtelier.
Afin d’aider le personnel dans ses tâches, « nous misons sur l’interdisciplinarité et l’entraide entre des personnes occupant des fonctions différentes », souligne Mireille Carrupt. Les membres de l’équipe d’animation, qui sont pour la plupart des assistantes ou assistants sociaux éducatifs, peuvent par exemple aider les équipes soignantes à faire la toilette du matin. Les collaborateurs et collaboratrices de l’intendance accompagnent pour leur part les pensionnaires lors de leurs promenades dans le parc. « Ces équipes participent elles aussi aux colloques quotidiens en compagnie des autres membres du personnel. Toutes et tous, selon leur fonction, ont une connaissance différente des résidents et résidentes. Il est donc intéressant de croiser leurs différents regards », poursuit la directrice. Une organisation qui convient en tout cas à Gisèle qui n’y trouve rien à redire puisque, dit-elle, « ici, tout me satisfait ».
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