« Lara est le onzième chiot que nous accueillons »
Ariane Scheidegger accueille des labradors chez elle afin de leur offrir une première expérience dans un foyer avant d’être formés pour devenir chiens-guides d’aveugles. Rencontre dans la maison familiale en compagnie de la jeune chienne Lara, 3 mois.

Si vous croisez Ariane Scheidegger en ville, il y a fort à parier que vous vous arrêtiez quelques minutes pour lui parler. Plus précisément, pour admirer sa protégée : la petite Lara, 3 mois. Ce labrador noir a une bouille à faire craquer toutes les personnes qu’elle rencontre. La plupart des chiots sont adorables, c’est sûr, mais Lara a quelque chose en plus : c’est une future héroïne. Le terme peut paraître exagéré, mais les chiens destinés à guider les personnes aveugles sont des compagnons précieux et indispensables : ils aident leur maître ou maîtresse à se déplacer de manière autonome en leur évitant les dangers de la route, du rail, de la foule, entre autres tâches. Si Lara devient rapidement le centre de l’attention en ce bel après-midi de septembre, il ne faut pas oublier le dévouement de sa maîtresse temporaire. « Cela fait seize ans que j’accueille des chiots de la Fondation romande pour chiens-guides d’aveugles, en tant que bénévole. Lara est le onzième. La première fois, mes enfants avaient 12 et 15 ans. Ensuite, nous avons continué, d’abord parce que c’est un acte citoyen, mais aussi parce que c’est enthousiasmant. Nous ne sommes cependant qu’un maillon d’une chaîne de solidarité. »
Jusqu’à l’âge de 15 mois
Un maillon essentiel qui n’est pas sans contraintes. Pour être acceptée partout, même là où les chiens ne sont habituellement pas autorisés (supermarché, théâtre, etc.), Lara porte le dossard de la Fondation. « Je peux ainsi expliquer aux personnes que je croise qu’il ne faut pas la déranger ou la caresser, car elle doit apprendre à rester calme. »
Lara, comme les autres chiots destinés à devenir chiens-guides, est accueillie, nourrie, promenée, éduquée de l’âge de 9 semaines à 15 mois. Ensuite, si son caractère et sa santé le permettent, elle commencera sa formation pour devenir le compagnon inséparable d’une personne aveugle. « Les deux premiers chiots que nous avons accueillis n’ont malheureusement pas pu poursuivre la formation. Le premier, une femelle, avait des soucis de santé, le second avait un problème de comportement. Dans ces cas de figure, la famille d’accueil peut alors garder le chien, si elle le souhaite. Nous avons pour notre part préféré accueillir un nouveau chiot. »
Un rythme intense
Ariane Scheidegger admet toutefois qu’elle aime avoir des nouvelles des chiens qui ont transité chez elle. « Lorsque nous rendons l’animal, nous en profitons pour faire des activités qui n’étaient pas compatibles avec un chien. C’est dur à chaque fois de le voir partir, mais cela fait partie de l’arrangement de départ. Les mois avec le chiot sont intenses car il ne doit pas rester seul, le but est de faire avec lui le maximum de choses de la vie quotidienne, afin qu’il puisse tout expérimenter sans crainte. Il m’accompagne donc au travail. Il faut également suivre des cours avec lui à raison d’une fois par mois. »
La mère de famille pourra assister à son examen de chien-guide. « Libre ensuite au futur maître ou à la future maîtresse de nous contacter pour nous donner des nouvelles. Certaines personnes le font, car elles sont bien conscientes du travail que l’on a fait avec leur compagnon en amont. »
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